L’affaire Wikileaks nous apprend que les entrepreneurs sont des imposteurs

À quoi bon d’une innovation technologique si elle ne s’accompagne pas d’une innovation sociale ? Imaginez. Si au temps de l’esclavage on avait inventé une pilule pour prolonger la vie des esclaves de vingt ans, qui se serait félicité ? Les entrepreneurs ou les esclaves ? Pas facile de répondre. En tous, cas une chose aurait été sûre, les esclaves en auraient pris pour vingt ans de plus.

Tous autant qu’ils sont les entrepreneurs nous promettent un nouveau monde. Pour cela, dès qu’ils ont une idée, ils recherchent des investisseurs, donc font appel au capital, puis très vite ils embauchent des salariés, ces nouveaux esclaves, et se félicitent de leur délivrer tous les mois des bulletins de salaire, la chaîne par laquelle « je t’attache ». Alors quand ils se rassemblent pour parler de leur vision du monde, fuyez loin. Ils vont vous rabâcher la vision du monde de leurs trisaïeuls.

Qu’est-ce qu’a changé le 2.0 à l’échelle sociale ? Rien. L’affaire Wikileak nous aide à comprendre pourquoi. Comme les entreprises 2.0 dépendent du capital et de sa rentabilité, elles n’ont aucune chance de réformer quoi que ce soit.

Pourquoi ? Toute réforme sociale entraînerait des désagréments pour les détenteurs du capital. En conséquence, ils ne laissent jamais les entreprises dépasser les limites du strict business. À la moindre infraction, le rappel à l’ordre est immédiat. Et Amazon bloque Wikileaks qui trahit quelques petites magouilles. PayPal ferme leur système de don. Et ça continue en cascade.

Je ne vous demanderai pas de censurer Amazon ou PayPal. C’est inutile. Il faudrait censurer toutes les entreprises qui dépendent du capital. Il faudrait les censurer d’autant qu’elles nous promettent monts et merveilles. Certaines vont jusqu’à nous faire croire qu’elles luttent contre le pouvoir en place. On nous prend vraiment pour des cons. C’est une constante sociale qui n’est pas prête de changer alors même qu’on nous rabat les oreilles avec l’idée de transparence.

Si vous voulez faire du business à l’ancienne, faites-le. Mais pitié, arrêtez de nous donner des leçons et de nous faire croire que vous êtes la nouvelle intelligentsia planétaire. Vous n’êtes que des prisonniers d’un vieux système. Ce n’est pas en vous observant que nous nous libèrerons.