J’ai publié Le cinquième pouvoir il y a maintenant quatre ans. Beaucoup de gens me disent que je devrais le mettre à jour, évoquer l’élection d’Obama, parler de la révolte iranienne de 2009, des révoltes actuelles dans le monde Arabe, des nouveaux outils sociaux. Je pourrais certes ajouter des exemples mais je changerais peu de choses à la théorie, sinon à la compléter avec les idées exposées dans L’alternative nomade.

Quand les hommes et les femmes s’interconnectent, ils deviennent plus puissants, plus libres, plus responsables. Face à eux, ceux qui veulent s’accaparer la puissance ne peuvent que durcir leurs positions. Nous en arrivons à la confrontation, inévitable, qui n’aura de cesse de se répéter jusqu’à ce que nous aboutissions à une société plus réticulaire que pyramidale.

Ce qui se produit dans le monde arabe se répètera chez nous. Les hommes et les femmes interconnectés ont le besoin vital d’un autre monde. Pour moi, les dictatures arabes sont assez proches structurellement de nos pseudos démocraties, les unes et les autres étant pyramidales et presque également éloignées de la société réticulaire que nous pourrions construire. Nous avons des deux côtés de la Méditerranée autant de distance à parcourir.

Par chance, les Belges expérimentent en ce moment pour nous la société réticulaire. Ils vivent depuis des mois sans gouvernement et le pays continue de fonctionner. Les Belges nous démontrent qu’une gouvernance centralisée n’est pas indispensable. Cela n’empêche pas nombre de Belges de réclamer un gouvernement.

Mais à la réflexion, c’est un malheur extrême que d’être assujetti à un maître dont on ne peut jamais être assuré de la bonté, et qui a toujours le pouvoir d’être méchant quand il le voudra, écrit La Boétie dans Le discours de la servitude volontaire.

Tous les Belges devraient lire et relire La Boétie. Nous devrions tous nous pénétrer de son texte chargé d’espoir et qui, depuis des siècles, fait souffler un vent de liberté. Travaillons ensemble, n’attendons pas le despote qui réglera nos problèmes.