Le salon Numer’île est en train de devenir une institution que les acteurs de l’édition électronique ne peuvent plus manquer. Ce n’est pas à Paris que les choses se passent en été, mais à l’extrémité ouest de la France. Cette année du 20 au 24 aout.

Nous en profiterons pour échanger, refaire le monde, partager des théories tordues et esquisser des projets, mais aussi pour expérimenter. J’aimerais enfin mettre en pratique une idée qui me trotte dans la tête depuis des années : écrire un roman en reprenant les principes du jeu de rôle et les mixant dans un atelier d’écriture. Le huis clos propre à l’insularité nous imposera les conditions idéales.

Comment les choses pourraient se dérouler ?

Quelque temps avant le début du salon, je publie le point de départ d’une intrigue qui met en œuvre une dizaine de personnages. Alors les auteurs invités au salon, ou en visite, se porteront volontaire pour tenir ces personnages (un personnage par auteur/joueur).

Avant que nous nous retrouvions autour d’une table le premier jour du salon, les auteurs devront travailler leur personnage, de leur biographie à leur look, et surtout ils définiront leur façon de parler, de se comporter… et d’être écrits. Nous serons alors prêts à débuter l’écriture collaborative.

Au cours des séances de jeu qui pourraient se dérouler le matin, autour d’une table, chacun devant son ordinateur, nous écrirons tour à tour. Moi je poserai le décor et décrirai les évènements qui mettront en scène les personnages, exactement comme un maître de jeu. Les auteurs feront vivre les personnages en écrivant sur un document partagé. Je répondrai en décrivant de nouveaux évènements. J’aurais prévu quelques situations, mais j’improviserai en fonction de ce que feront les auteurs.

Nous parlerons de vive voix pour orienter l’histoire, pour décider qui doit agir et nous avancerons bon train dans une intrigue plus ou moins policière qui se déroulera en toute probabilité à Ouessant même.

Le reste de la journée, les chemins ouessantins nous forçant à nous croiser sans cesse, nous réfléchirons à la suite de l’histoire. Le but sera de disposer d’un roman à la fin des cinq jours que nous pourrons transformer en epub et publier chez un éditeur numérique qui sera partenaire de l’évènement.

Pourquoi cette expérience ?

  1. Grâce au numérique, on peut repenser la création. Utilisation des outils de travail collaboratif.
  2. Un auteur éventuellement isolé sur une île lointaine pourrait sortir de son isolement en collaborant à distance.
  3. Laisser une trace de ce que nous vivons à Ouessant autrement que par les vidéos des conférences.
  4. Mêler différentes compétences. Un dessinateur invité pourrait illustrer le texte en même temps qu’il est écrit. Un éditeur et un correcteur pourraient le retravailler en flux tendu. Toutes les compétences sont réunies à Ouessant, ce serait dommage de ne pas en profiter.
  5. Nous pourrions tous les jours diffuser en ligne les chapitres écrits durant la matinée. Le dernier jour, nous éditons le texte, prouvant que l’édition électronique nous amène dans une nouvelle temporalité.
  6. L’édition numérique, il ne suffit pas d’en parler, il faut l’inventer, aussi bien dans les méthodes de production des œuvres que dans leur diffusion.
  7. Écrire une fiction sur le lieu même où elle se déroule nous forcera à interroger le lien entre le réel et l’imaginaire. Nous devrons explorer les lieux pour en suite les injecter dans la fiction.