Thierry CROUZET
La twittérature n’est pas un nihilisme
La twittérature n’est pas un nihilisme

La twittérature n’est pas un nihilisme

En écrivant ma lettre à un jeune twittérateur imaginaire, je suis tombé sur un billet d’une non moins jeune littéraire qui traite la twittérature, qu’elle n’a jamais lue je suppose, de nouveau nihilisme.

J’ai senti son dégoût du Nouveau Roman, son goût pour les valeurs affirmées, quasi idéales et immortelles qu’enfermerait la littérature, goût qui découle d’une vieille tradition essentialiste qu’affectionne les professeurs (car elle les justifie dans leur position). Et j’ai éprouvé le besoin de répondre.

J’écris ces lignes en même temps qu’un de mes amis auteurs est en train de mourir. Pourquoi croyez-vous que nous écrivons ? « Nous plaindre », croyez-vous. « Invoquer une réalité supérieure », supposez-vous. Vous n’y êtes pas. Nous écrivons simplement pour vivre, pour jouir de la vie, en dépasser les pesanteurs ici et maintenant. L’écriture est jeu, défi avec soi-même et avec les autres, elle est jubilatoire. Toute expérience est la bienvenue. Elle se dissoudra plus tard dans les méandres de la langue eux-mêmes avalés par les profondeurs du temps.

Alors, qualifier de nihiliste la twittérature, c’est passer à côté de toute la littérature profane. Cette littérature gazouillée est jeu. L’affirmation qu’il n’y a rien de sérieux, la vie commence et s’achève dans un grand vide, entre-temps nous nous saisissons de la moindre possibilité de l’enchanter. La twittérature est le contraire même du nihilisme. Elle affirme qu’il existe une merveille au temps même où nous la vivons, l’écrivons, la lisons. Avec l’acceptation que tout cela se dissoudra bientôt avec nos pauvres corps.

De cette voie joyeuse, il sortira peut-être des chefs-d’œuvre, des divertissements à coup sûr, des navets avec certitude. Rien que la vie, mais la vie et non pas sa négation.

Les auteurs vont où les lecteurs vont. Les uns et les autres recherchent la rencontre. Ils vivent en même temps. Quinze mille statuts sociaux sont publiés par seconde. Soit environ l’équivalent d’un livre de mille pages. L’humanité passe plus de temps devant ces textes que devant aucun autre. Pourquoi la littérature ne se saisirait pas de cette possibilité ?

VeilleDoc\_Rennes 2 @ 2012-11-11 08:15:54

“@crouzet: La twittérature n’est pas un nihilisme (réponse à une littéraire) http://t.co/gm08uQj2”

Vincent Beneche @ 2012-11-11 08:20:24

La #twittérature n’est pas un nihilisme http://t.co/0jHIWSxM #brèves #twiller #une

francis royo @ 2012-11-11 08:45:15

La twittérature n’est pas un nihilisme / via @crouzet "L’écriture est jeu."

http://t.co/LnBZ9fJv

Guillaume Vissac @ 2012-11-11 08:50:26

RT @francisroyo: La twittérature n’est pas un nihilisme / via @crouzet "L’écriture est jeu."

http://t.co/NX2YqEuO

Jacqueline Ilic @ 2012-11-11 09:04:28

“@crouzet: La twittérature n’est pas un nihilisme (réponse à une littéraire) http://t.co/gm08uQj2”

cduret @ 2012-11-11 09:09:13

RT @francisroyo: La twittérature n’est pas un nihilisme / via @crouzet "L’écriture est jeu."

http://t.co/NX2YqEuO

Charles Mougel @ 2012-11-11 09:23:40

ça donnerait presque envie de s’y mettre : La twittérature n’est pas un nihilisme http://t.co/c1h0g19G

Coraline Soulier @ 2012-11-11 09:38:38

RT @francisroyo: La twittérature n’est pas un nihilisme / via @crouzet "L’écriture est jeu."

http://t.co/NX2YqEuO

La jeune littéraire qui n’a pas lu la twittérature @ 2012-11-11 14:27:26

J’ai lu attentivement votre réponse, et je tiens d’abord à dire que je n’ai rien contre le nouveau roman, ni contre l’absurde de Beckett que je prends comme exemple, au contraire, je l’ai étudié avec énormément d’intérêt... et même de passion. Le fait est que ce sont des formes/genres connues pour avoir "déstructuré" le roman classique ou la littérature classique en général, ayant brisé les codes et qui, pour ça, ont choqués le lectorat de l’époque même si aujourd’hui on trouve ça moderne, etc :c’est un fait, pas une simple appréciation personnelle d’une étudiante qui préférerait Proust ou de vieux classiques.

Ensuite, écrire sur Twitter reste une écriture fragmentée, c’est une nouvelle forme et en ça, on peut se demander si dans plusieurs années, on étudiera en classe des romans ayant été publiés sur Twitter... Je ne dis pas que c’est impossible ! C’est imprévisible.

Vous dites : "Elle se dissoudra plus tard dans les méandres de la langue eux-mêmes avalés par les profondeurs du temps." et "Avec l’acceptation que tout cela se dissoudra bientôt avec nos pauvres corps.", et je trouve que c’est une question intéressante de se demander si la forme du roman est voué à se dissoudre, passer du livre au fragment qui disparaît... C’est en ça que je la qualifie de "nihiliste", dans sa forme, pas dans son contenu.

Bonne journée,

Thierry Crouzet @ 2012-11-11 15:41:08

:-)

La dissolution du roman et de tout le reste est une conséquence du second principe de la thermodynamique. En cela, notre situation est précaire et absurde, et nous devons inventer des raisons de vivre.

Ce n’est pas du nihiliste de le constater.

La twittérature n’implique pas le fragment, ni la dissolution des formes anciennes. La contrainte des 140 caractères est certes anecdotique mais elle impose un rythme, même si on écrit un roman comme La quatrième théorie qui ne remet pas en cause les fondements du roman.

La jeune littéraire qui n’a pas lu la twittérature @ 2012-11-12 17:34:21

:D

Intéressant, je n’avais pas vu ça sous cet angle, je veux dire, en terme de rythme, et de ce point de vue je vous rejoins tout à fait. En tout cas, je pense m’intéresser davantage à cette nouvelle littérature, vous avez presque prêché une "moyennement" convaincue ;)

Antoine Decourt @ 2012-11-14 14:59:32

"Lettre à un jeune twittérateur" par @tcrouzet http://t.co/Wyu7cqsS suivi de "La twittérature n’est pas un nihilisme" http://t.co/uTpQqjuv

al.jes @ 2012-11-14 16:19:36

veille La twittérature n’est pas un nihilisme http://t.co/Mxeft0c9

Monique Le Pailleur @ 2012-11-25 11:27:39

De Thierry Crouzet "La twittérature n’est pas un nihilisme" http://t.co/EXNuLZB0 (via @Strofka )

Claire, l’Icare @ 2012-11-25 12:37:32

De Thierry Crouzet "La twittérature n’est pas un nihilisme" http://t.co/EXNuLZB0 (via @Strofka )

Nathalie Couzon @ 2012-11-27 11:44:12

Chaque mot écrit quelque part, qu’il soit graffiti sur un mur ou gazouillis sur la toile, est un ferment de littérature http://t.co/xeuvmRWe

Dada @ 2012-11-27 11:48:22

Chaque mot écrit quelque part, qu’il soit graffiti sur un mur ou gazouillis sur la toile, est un ferment de littérature http://t.co/xeuvmRWe

Obtus @ 2012-11-27 11:48:33

Chaque mot écrit quelque part, qu’il soit graffiti sur un mur ou gazouillis sur la toile, est un ferment de littérature http://t.co/xeuvmRWe

cduret @ 2012-11-27 13:51:34

Chaque mot écrit quelque part, qu’il soit graffiti sur un mur ou gazouillis sur la toile, est un ferment de littérature http://t.co/xeuvmRWe

Dominique Pernoux @ 2012-11-28 10:09:13

Chaque mot écrit quelque part, qu’il soit graffiti sur un mur ou gazouillis sur la toile, est un ferment de littérature http://t.co/xeuvmRWe

Sylvie Lay @ 2012-11-28 10:13:35

Chaque mot écrit quelque part, qu’il soit graffiti sur un mur ou gazouillis sur la toile, est un ferment de littérature http://t.co/xeuvmRWe

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