Thierry CROUZET
Sermonner Jérôme Ferrari
Sermonner Jérôme Ferrari

Sermonner Jérôme Ferrari

Quand je n’aime pas un texte, j’arrête de le lire et je n’en parle pas. Je ferais mieux d’écrire un bel article sur Ciseaux de Stéphane Michaka que perdre mon temps. Mais on ne se refait pas.

Après tout, dans notre monde, nos illustres jurés Goncourt définissent le bon goût littéraire pour tout un peuple, et j’ai bien le droit, et presque le devoir, de m’indigner de leur indignité. D’autant que cette même caste a le verbe facile pour nous accuser, nous autres blogouilleurs écrivaillant et s’autopubliant en numérique, de déshonorer notre langue.

Je n’exercerai pas mon clavier cannibale pour descendre Le sermon de la chute de Rome sur le plan romanesque, Pierre Mari se change merveilleusement de cette tâche avec une juste méchanceté. Il résume ce que j’ai ressenti avant d’abandonner le texte en chemin.

Je proposerais volontiers d’appeler incroyance du récit la pathologie générale dont le livre de Jérôme Ferrari est un triste symptôme.

Cette incroyance est si manifeste que je me demandais ligne après ligne pourquoi je perdais mon temps. Très vite fatigué de me vautrer dans la vacuité.

Un texte littéraire n’est pas un appareil de confirmation, ajoute Pierre Mari.

Pourtant, tout avait bien commencé avec l’exergue de Saint-Augustin.

Tu es étonné parce que le monde touche à sa fin ? Étonne-toi plutôt de le voir parvenu à un âge si avancé. Le monde est comme un homme : il naît, il grandit et il meurt.

Il annonce un livre politique, un livre de révolutionnaire, un livre de combat contre cette déchéance annoncée. Quand je lis cet exergue à Isa, elle me dit : « C’est presque trop beau ce synchronisme. Ça nous parle trop. Il faudrait revenir au texte original pour savoir ce qu’Augustin a vraiment écrit. » Depuis quelle est traductrice, elle se méfie des traductions.

Après lui avoir répondu que le propre de la littérature est de nous parler à travers le temps, j’attaque le sermon avec conviction. D’autant que les éditeurs osent écrire en préface :

Jérôme Ferrari jette, au fil d’une écriture somptueuse d’exigence, une lumière impitoyable sur la malédiction qui condamne les hommes à voir s’effondrer les mondes qu’ils édifient et à accomplir, ici-bas, leur part d’échec en refondant sans trêve, sur le sang ou les larmes, leurs impossibles mythologies.

Je passe sur la faiblesse de cette phrase dont le « à accomplir » sonne désastreusement et paraît en trop. J’aurais dû me méfier dès cette annonce de somptuosité autoproclamée. Bon, je savais Ferrari adepte de la phrase ample. Quelle immédiate surprise de constater qu’il raccroche maladroitement les wagons à l’aide de relatives infiniment répétées et imbriquées, de « comme », « parce que », « tandis que », « mais »… et d’un nombre incalculable de participes présents. Ferrari use des plus grosses ficelles pour allonger sa phrase, lui donner un aspect travaillé trop explicite, trop fatigant.

J’aime chez un auteur sa capacité à enchaîner des phrases, ou des morceaux de phrases, sans abuser des trucs fournis en kit dans le langage. Sinon pas de surprise, d’émerveillement, de trouvaille. On se complait dans une banalité scolaire qui d’ailleurs convient à la platitude narrative, politique et philosophique du récit. Encore si cette banalité était irréprochable. Voici le tout début du roman :

Comme témoignage des origines – comme témoignage de la fin, il y aurait donc cette photo, prise pendant l’été 1918, que Marcel Antonetti s’est obstiné à regarder en vain toute sa vie pour y déchiffrer l’énigme de l’absence. On y voit ses cinq frères et sœurs poser avec sa mère. Autour d’eux, tout est d’un blanc laiteux, on ne distingue ni sol ni murs, et ils semblent flotter comme des spectres dans la brume étrange qui va bientôt les engloutir et les effacer. Elle est assise en robe de deuil, immobile et sans âge, un foulard sombre sur la tête, les mains posées à plat sur les genoux […]

Vous lisez bien. « La brume est assise en robe de deuil. » C’est très beau, mais sans doute pas volontaire. Je ne chipote pas. Un auteur peut jouer de l’ambigüité, surtout quand il s’est depuis longtemps installé avec un objet ou un personnage. De but en blanc, c’est un peu fort surtout quand on vient d’entendre évoquer « une écriture somptueuse d’exigence ». Quel camouflé ? Quelle imposture ? De quoi être écœuré au nom justement de ceux qui refusent les subterfuges grossiers. Faut croire que le style tape à l’œil a du bon, dans une civilisation décadente.

Je n’en rajoute pas, juste un surplus d’analyse statistique. On peut s’amuser à comparer les auteurs non plus au regard de la longueur de leurs phrases, mais de la longueur de leurs microstructures, groupes textuels entre ponctuations. Ces éléments donnent une idée du rythme et de la virtuosité.

Proust, Du côté de chez Swan

Proust me sert de référence.

Ferrari, Le sermon sur la chute de Rome

On voit que malgré ses phrases longues, Ferrari abuse beaucoup plus que Proust des microstructures courtes, non pas enfilées comme des perles sur un collier, mais lourdement collées par des connecteurs syntaxiques.

Bon, Autobiographie des Objets

Microstructures beaucoup plus amples ce qui implique un recours moins fréquent aux connecteurs bateaux, donc un style plus affirmé.

Crouzet, Ératosthène

J’aime bien savoir où j’en suis. Mes phrases ne sont jamais très longues, mais ma microstructure est déjà un peu plus ample que celle de Ferrari.

Crouzet, Le peuple des connecteurs

Quand j’écris des essais, je suis beaucoup plus ample.

Crouzet, La Quatrième Théorie

Il me faut écrire sur Twitter pour réduire mes microstructures à l’échelle de celles de Ferrari, et encore, j’abuse moins que lui des formes ultra-courtes. Il est de tous les écrivains que j’ai scrutés, celui qui est le moins ample. Peut-être ce qui m’a le plus gêné dans son écriture, longues phrases qui enchaînent des éléments brefs. Vous pouvez poursuivre ce petit jeu...PS du 9/12/2012 pour répondre à quelques tweets : Nous commettons tous des bourdes quand nous écrivons, moi plus que beaucoup d’autres (surtout avec mon orthographe désastreuse), mais je n’ai pas reçu le Goncourt et mes éditeurs n’ont jamais affirmé que j’avais une écriture somptueuse. Je préfère d’ailleurs ce qui est rugueux, bancal, méchant...

Vincent Beneche @ 2012-12-08 12:18:20

Sermonner Jérôme Ferrari http://t.co/UZGw42tO #dialogue #critique #twiller #une

Thierry Crouzet @ 2012-12-08 12:23:17

Sermonner Jérôme Ferrari - Un Goncourt pas au top http://t.co/xOG2gOJY

Simon Tripnaux @ 2012-12-08 12:34:03

Sermonner Jérôme Ferrari http://t.co/VCPwX7Ho

René GENEVIEVE @ 2012-12-08 12:55:21

Sermonner Jérôme Ferrari http://t.co/qEieUapa Pas un instant je n’ai compris que c’était la brume qui était assise en robe de deuil...

Eric Nicolier @ 2012-12-08 14:05:50

Sermonner Jérôme Ferrari http://t.co/vdCJBc7s (via Instapaper)

geneviève hebert @ 2012-12-09 07:32:54

RT @crouzet: Sermonner Jérôme Ferrari http://t.co/X16RK502.. Sacré Twittos ;-)

Thierry Crouzet @ 2012-12-09 07:55:01

@infogere Problème n’est pas ce qu’on comprends mais ce qui est écrit... http://t.co/XHFgK9s7

Paul perucaud @ 2012-12-09 08:59:55

Sermonner Jérôme Ferrari http://t.co/D7VToAo7

Joachim Séné @ 2012-12-09 09:20:28

Faudrait passer du temps pour répondre à l’infatuation permanente de ce type http://t.co/kZhhbMIX Quand #Crouzet lit #Ferrari …

andré rougier @ 2012-12-09 10:00:39

Faudrait passer du temps pour répondre à l’infatuation permanente de ce type http://t.co/kZhhbMIX Quand #Crouzet lit #Ferrari …

Thierry Crouzet @ 2012-12-09 10:12:47

RT @perceval45: RT @joachimsene: Faudrait passer du temps pour répondre à l’infatuation permanente de ce type http://t.co/rw36UJfz / GOOGLE

Christine Jeanney @ 2012-12-09 11:37:06

@joachimsene @perceval45 @crouzet mon com est peut-être à côté de la plaque ? (mais j’aime moyen les plaques faut dire) http://t.co/hiOAIvst

cjeanney @ 2012-12-09 12:08:27

Hello, je n’ai lu personne ni Mari ni femme ni goncourt mais (et très vite, parce que le four, le lait, le feu et le reste) quand tu dis "Ces éléments donnent une idée du rythme et de la virtuosité "pour la "longueur de leurs microstructures, groupes textuels entre ponctuations", good morning, j’espère que tu sens bien que ça t’est propre, une échelle de valeur ou un thermomètre qui t’appartient et n’est pas universel (et j’espère que tu ne voudrais pas insuffler une dose de prosélytisme là-dedans hein, sinon, tu serais comme ces braves jurés qui "définissent le bon goût littéraire", pareil qu’eux, même combat, alors que tu ne les considères pas comme sympas-pour-casser-la-croûte-avec je suppose.

Juste envie de te dire (mais on s’en fout hein, et puis tellement peu envie de polémiquer en ce moment, bref) (et c’est juste mon avis perso, les gourous me fatiguent à un point, les bras plus bas que terre et pourtant la terre est bien basse, re-bref) (donc juste en passant et après ouf, à autre chose):

imagine que tu mesures les possibilités/capacités/merveilles mécaniques d’un moteur de Bentley ou Bugatti par exemple (ou autre bagnole de rêve, je m’en fous, je n’aime pas les voitures) : état des lieux des soupapes, cylindres, est-ce que je sais, la mécanique quoi.

Une fois que tu auras décrit par le menu comment marche la courroie de je sais pas quoi dans l’arbre à transmission de je sais pas qui, et le nombre de chevaux moteurs blabla, tu n’auras pas dit grand chose de la voiture.

Parce que, même si je m’en moque des belle vroumvroum, je suis consciente qu’elle portent un imaginaire vaste avec elles, une sorte d’aura faite de sensation, de mythes, de légendes, toutes choses non mesurables ni quantifiables au nombre de vis ou de boulons qu’elles font rouler quand elles avancent.

Eh bien j’ai envie de dire que pour un texte, c’est pareil en pire. Tu peux toujours compter le nombre de points-virgules et même les aligner par ordre de taille dans le sens inverse de la marche, établir des tableaux à double-entrée sur l’emploi des adverbes commençants par s et des épithètes sans tête et empiler les verbes auxiliaires en pyramides, bref, le nombre de boulons d’un texte ne fait rien à l’affaire et ne donne pas forcément d’indice sur ce que ce texte provoque chez qui le lit, me semble que tout ça (le littéraire en somme) se passe ailleurs.

(et puis les Prix machins et machous sont dans un bateau, quelle importance aussi, je me demande)

Thierry Crouzet @ 2012-12-09 13:44:37

Il faut avoir bien peu écrit pour pondre un tel commentaire (et je veux dire écrit dans l’espoir d’être lu, pas d’écrire pour son nombril et celui de deux potes, écrire pour transformer le monde autour de soi à travers le temps). Ce rythme, cette longueur de phrase et de microstructure comme l’usage des connecteurs syntaxiques, autant que le choix des mots, que les thèmes portés préoccupent tous les auteurs (et un auteur qui ne s’en serait jamais soucié avec obsession ne le serait pas). Croire qu’il est impossible de mesurer objectivement cette caractéristique traduit simplement une aversion de la puissance mathématique, autant que de celle de l’esprit à percevoir des régularités dans une œuvre.

J’en ai ma claque de complaisance dont beaucoup d’auteurs font preuve, et d’autant qu’ils sont moins connus... Vous balisez, vous tremblez de peur qu’on vous dise ce qu’on pense de vous. Et quand l’orage en frappe un autre, vous vous terrez. Voilà de quoi crève la littérature.

Marin Favre @ 2012-12-09 13:57:07

Sermonner Jérôme Ferrari http://t.co/OQFgdZeP

cjeanney @ 2012-12-09 14:10:19

Hello Thierry, merci pour le nombril et l’amicalité chaleureuse de ta réponse (voire sa sympathie outrancière) mais relis ce que j’ai écrit en com et ne le résume pas please. Aucune aversion de ma part pour la mathématique du comptage de boulons, je te dis juste que ça ne peut suffire ! ni se réduire à ça, un texte. Et en passant, je ne juge pas depuis quel endroit tu parles et quelle légitimité tu as à dire, ce serait trop top que tu fasses de méme, (que sais-tu de l’importance que j’apporte à la moindre virgule posée ? la place que je lui accorde ne rentre pas dans une addition, et heureusement, je me foutrais des claques sinon) et dans mon monde merveilleux, on pourrait échanger des idées et pas des effets de manche. Ah oui, et écrire "dans l’espoir d’être lu", c’est une mission que Musso et Gavalda portent à bout de bras aussi, pas se tromper de cible hein.

Et la complaisance ? Compte un peu (au pays des maths, soyons fous et comptons) combien tu as de commentaires sur ce billet, et pas des tweets qui se résument à bravo trop fort yes simple relais, mais des réponses ou des avis ? Mais peut-être que tu n’en as pas marre de cette complaisance là lorsqu’elle s’exerce en ta faveur ?

Marre pour marre, moi ça me fait de la peine de voir Proust épinglé comme un papillon dans un tableau de statistiques, chacun ces choix, mais que tu présentes ça comme imparable/incontournable ? Il manque des doutes, des "il me semble que" et des "peut-être", sais pas combien, j’ai pas compté.

JS @ 2012-12-09 15:27:04

Thierry,

Je crois d’autant moins qu’il soit possible de "mesurer objectivement" pour juger de la qualité d’une œuvre que deux tragédies en alexandrins auront des cotes plus que ressemblantes (on suppose ne trouver aucune erreur formelle) alors que le ressenti à la lecture sera tout différent selon l’imaginaire, le choix des mots, la poésie (le fait, génial et simple, par exemple, de confondre "brume" et "elle" pour poser un personnage sans dire "La mère était comme la brume, elle…"), l’une sera bonne et l’autre mauvaise ; car après tout pour pousser plus loin ce raisonnement absurde si tant est qu’il puisse (doive) l’être, deux textes possédant le même nombre de mots de même longueur dans des phrases découpées identiquement peuvent être très différents, l’un sera un assemblage de syllabes inintelligibles frappées au hasard sur un clavier par quelques singes fort prétentieux laissés en liberté dans une salle informatique, et l’autre sera du Shakespeare !…

Et quand tu dis que le choix des mots préoccupe tous les auteurs, je suis d’accord, mais les mesures que tu montres et les commentaires que tu en fais sont si faibles, avec "large spectre" tu crois avoir dit quelque chose ? Si tu fais l’hypothèse qu’il est possible de mesurer quelque chose de cette manière, c’est pas avec 10 bouquins d’exemple (dont les tiens ! et toi qui parle de nombril !?) que tu vas prouver quoi que ce soit, ni même 100. Il faudrait travailler un minimum et même alors j’ai le sentiment que le résultat ne serait pas très probant : pas un mot sur les relatives, le nombre de verbes etc. ; autrement, autant mettre des machines à générer du texte, ou des singes, le résultat devrait être génial si je poursuis ton raisonnement.

Christine parle d’imaginaire, parle de quelque chose de profondément humain qu’aucune courbe ne révèleront jamais, et cela pour notre sauvegarde à tous, auteur et lecteur, tous humain.

Dans le livre de Ferrari, il y a des phrases qui creusent profond, par leurs détours, leurs enchâssements, les digressions poétiques, qui permettent d’ouvrir les sens ; et ce que je reprocherais à Ferrari s’il le fallait, serait de n’avoir pas suivi suffisamment systématiquement son penchant aux formes longuement déployées, d’être passé trop souvent à mon goût par des raccourcis qui peuvent même aller jusqu’à ressembler à des clichés et qui ne le seraient pas s’il avait pour chacun creusé, prit des détours (augmenté le nombre de mots si tu préfères !) Pour le reste le livre est d’une exigence rare, le reproche de Pierre Mari que "rien ne semble avoir retenu ni même freiné Jérôme Ferrari, bien décidé à envelopper sous les espèces de la «fin du monde» l’immonde dérision d’une violence de samedi soir" je le conteste car la fin du monde est pour chacun, n’importe quel geste du quotidien comme découvrir le pot de café vide, peut recéler des troubles métaphysiques qu’une vie ne suffirait pas à expliquer, mais qu’un livre peut tenter d’approcher, et si une fin du monde plus vaste et dramatique nous menace, peut-être Ferrari nous dit-il, noir, qu’elle est tout autant dérisoire qu’une baston du samedi soir ; et même si cela peut paraître cliché, tout est dans la manière, unique, qu’il a de nous le dire, comme pour tout texte, la manière, le style, la voix, sinon on écrirait plus sur l’amour ni sur la guerre ni sur rien, puisque tout a été dit déjà…

Vouloir prouver par des chiffres et des formules, qu’un texte est mauvais ou qu’il est bon serait profondément inquiétant si cela ne révélait une forme d’ignorance, que l’absence de méthode et de travail, comme je l’ai dit, signale, à côté des habituels approximations, analogies ratées, rhétorique poussive, choses dont j’ai déjà parlé ici, sur ce blog, ou par mail avec toi.

Quant à "changer le monde", je place ici un LOL !, car oui, je me rappelle cette belle perle, parmi tant d’autres, dans J’ai débranché :

"Souvent, je doute de ma capacité à changer le monde."

Voilà bien une question doublement absurde, par sa formulation et le fait de se la formuler, que je ne me pose jamais !

Chris @ 2012-12-09 16:31:05

Bonjour Thierry, j’ai beaucoup aimé cette analyse et ce calcul (je n’ai pas lu le livre de Ferrari et sans doute je ne le lirai pas car j’ai d’autres lectures en vue, mais je pense que ton billet va bien au-delà de ce livre. Il remet en cause une certaine mystique sur l’édition papier.

J’aime bien l’outil et j’aimerais l’essayer sur mon écriture, donc Thierry, je te demande où l’on peut trouver cet outil. merci et bonne continuation.

Thierry Crouzet @ 2012-12-09 17:45:01

@Chris Tout est là http://lab.tcrouzet.com/txtstat/

@Aux autres Qui a dit qu’un texte se réduisait à quelques stats? Je vous recopie le châpo du papier d’avant sur ces mêmes stats:

Je poursuis mes petits jeux statistiques sur la répartition des phrases dans quelques textes célèbres ou non… quelques surprises amusantes (rien de tout cela n’est très sérieux).

Et dans ce texte je dis:

On peut s’amuser à comparer les auteurs...

Oui, rien de tout cela n’est très sérieux, rien n’est très sérieux en général pour moi... je joue et tout est jeu, l’écriture en premier lieu. Mais si je peux avoir de nouvelles grilles de lecture, je m’en saisis. Point barre. Ne cherchez pas là l’ultime théorie. J’ai fait ces analyses avant tout pour comparer ce que j’écris à ce que d’autres écrivent. ça m’a amusé. je vais pas soutenir une thèse sur le sujet. Quoi que d’autres l’aient fait avant moi sur des sujets de ce genre... faut chercher du côté de la génétique littéraire.

Et les "peut-être" ou les "doute"... c’est pas pour moi. Je ne crois pas à l’existence de la moindre vérité. Donc le doute est absolu, toujours présent.

Et désolé si je me suis énervé, on devrait parfois plus le faire... Vous me donnez parfois l’impression que la littérature est morte et qu’elle est d’un ennui terrible.

Thierry Crouzet @ 2012-12-10 08:04:07

Contre la mystique de l’édition papier... j’aurais dû titrer ainsi mon biller sur le Goncourt 2012 http://t.co/TaFkqaTk

longshupublishing @ 2012-12-10 08:11:15

Contre la mystique de l’édition papier... j’aurais dû titrer ainsi mon biller sur le Goncourt 2012 http://t.co/TaFkqaTk

Thierry Crouzet @ 2012-12-10 09:02:27

@lambert_phil lis le fil de commentaires... et surtout ma dernière réponse... :-) http://t.co/Nnv71Tl4

hubert guillaud @ 2012-12-10 15:16:13

Etudier la longueur des phrases des auteurs pour comprendre leurs rythmiques : http://t.co/XjGGYFvV par @crouzet

Luc Legay @ 2012-12-10 17:10:54

Etudier la longueur des phrases des auteurs pour comprendre leurs rythmiques : http://t.co/XjGGYFvV par @crouzet

Jean-Marc Hardy @ 2012-12-10 17:15:20

Etudier la longueur des phrases des auteurs pour comprendre leurs rythmiques : http://t.co/XjGGYFvV par @crouzet

Sky is the limit @ 2012-12-10 21:56:30

Etudier la longueur des phrases des auteurs pour comprendre leurs rythmiques : http://t.co/XjGGYFvV par @crouzet

Nice-RendezVous @ 2012-12-11 08:19:00

Du comptage des boulons dans les microstructures de la phrase du Goncourt dernier cru LOL http://t.co/cKrtEf4R by @crouzet #Nice06

pierre mari @ 2012-12-16 09:24:31

Merci d’avoir fait référence à mon texte consacré à ce prix Goncourt d’une scandaleuse nullité. Par crainte d’en faire un peu trop dans la descente en flammes, je m’étais abstenu de commenter la quatrième de couverture, mais je suis entièrement d’accord avec vous : c’est un charabia désastreux, qui fait hésiter entre consternation et hilarité.

Un mot de réponse au lecteur qui me fait remarquer que chacun voit la fin du monde à sa propre porte, et qu’un événement qui n’a rien d’apocalyptique, objectivement parlant, peut mettre votre univers sens dessus dessous : je suis bien évidemment d’accord ! Encore faut-il, cher lecteur, que le romancier ait un minimum d’imaginaire et de style (ne parlons pas de puissance, qualité bien oubliée aujourd’hui) pour transfigurer l’anodin en important, l’anecdotique en essentiel, le petit fait apparemment insignifiant en épopée... C’est ce pouvoir de transfiguration qui manque cruellement à Jérôme Ferrari : chez lui, un bar corse n’est qu’un bar corse, et un crétin gorgé de pastis n’est qu’un ivrogne du samedi soir. Comme je l’ai dit dans ma critique, je n’ai rien contre cette histoire (en littérature, toutes les histoires se valent, aucune n’est bonne ou mauvaise a priori) : ce qui me met hors de moi, c’est la prétention culturelle de l’auteur, doublée de l’incapacité à transcender les petits faits autrement qu’en les enveloppant de préciosité.

Treolidas @ 2013-01-23 17:52:20

Vous m’avez donné envie de lire le livre. Merci !

Jérôme @ 2013-03-24 01:30:12

Eh bien, pareil que Treolidas: je vais le lire, ce livre!

Pour ma part, je recommande un roman génial, mêlant Histoire (les émeutes à Boston en 1919) et polar: "Un pays à l’aube", de l’excellent Dennis Lehane.

Voilà!

Claude Ferrieux @ 2013-06-26 14:04:26

je n’aime pas lire des commentaires traduisant des réactions épidermiques de lecteurs à propos de mes propres écrits. Je ne prends pas le clavier pour descendre Jérôme Ferrari. Prix Goncourt, bravo ! Respect ! J’aime la puissance de l’évocation de la Corse intérieure, le style fort, la culture de l’auteur. Cependant, un beau livre, selon moi, doit stimuler mes pensées, éveiller mon imaginaire : je fais des poses, reprends la lecture, or, des phrases interminables m’obligent à des efforts de relecture qui me lassent. Je me sens ébloui par cet ouvrage, tellement ébloui que j’ai l’impression de finir aveuglé. J’aime bien m’habituer aux personnages, les retrouver, suivre une chronologie tranquille, mais j’ai l’impression dans Le Sermon sur la chute de Rome qu’on a mis les chapitres dans un panier à salade et qu’ils en sont ressortis au hasard. J’ai sûrement tort, mais très vite, je ne sais plus qui sont les personnages, je reviens en arrière : Marcel, c’est qui ? à quelle époque ? puis je me lasse, j’abandonne, je laisse aller, je m’en fous. Idem les références mythologiques ou antiques : pour certaines, je me lève, vais au dico, à Wiki, puis ras le bol, je laisse courir (l’éditeur ne pourrait-il ajouter des petites notes ? Est-ce incompatible avec la qualité du texte ?) Le lecteur aime comprendre, se sentir intelligent, ici, on ressort plutôt crétin. Le racisme ? L’ostracisme anti-sarde ? Je me dis : l’auteur est tellement intelligent qu’il faut nécessairement lire au second degré, pourtant, de simples guillemets, parfois, permettraient de se sentir parfaitement rassuré.

Un livre qui déroute, agace, va quand même souvent de pair avec une grande qualité.

Serenity @ 2013-09-29 14:21:08

Cher Monsieur le déboulonneur,

Comment peut-on, comme vous le faites, déchiffrer un texte comme un schéma électronique ? Votre formation technique déforme votre lecture, car (oh ! j’ai utilisé une conjonction de coordination : qu’est-ce que cela peut signifier ?...) forcément si l’on commence par scanner l’architecture syntaxique, l’œil devient pervers.

Vous regardez passer le train cher Monsieur, non avec une jolie manière d’imaginer son voyage, les gens qui partent quelque part retrouver les leurs ou découvrir un lieu... mais comme un vieux cheminot qui va calculer la vitesse au virage ou en ligne droite, le nombre d’essieux, les rouages de la machinerie, le temps de freinage, tout cela, dans une batterie d’encombrements circonvolutionnaires de la pensée !

Alors de grâce, M. Crouzet, posez la littérature, éloignez vous de l’art et courez vous faire embaucher à la SNCF. Avec vous, plus aucun train ne sera en retard, les tarifs seront enfin lisibles et peut-être aurez-vous la belle aptitude d’éviter de futures grèves voire, de nouvelles catastrophes.

Qu’on aime ou pas un écrivain, qu’on apprécie ou non ses textes, passer à l’acide les mots relève de l’approche étriquée du circuit fermé et cela me semble bien éloigné de votre posture sociale et de vos engagements pour un équilibre de vie.

On ne s’autoproclame pas orfèvre, on le devient pas ses œuvres propres.

Et, pour en revenir à Jérôme Ferrari, je dirai simplement "enfin un professeur qui a du talent et qui peut-être, sera un jour un exemple pour de nombreux élèves, en les amenant tout naturellement par ses écrits à aimer les livres".

Bien cordialement,

Serenity

PS : Au fait que signifient toutes les virgules et tous les points que j’utilise ? Seriez-vous le chamane des mots, le Madame Irma de la linguistique ?...

Erwan @ 2013-10-13 16:54:30

M. Crouzet, vous m’impressionnez. Tant d’acharnement à essayer par des analyses statistiques (!) de décrypter un style qui ne vous demandait rien... c’est faire montre d’une disponibilité d’esprit peu commune en ces temps où nous sommes nombreux à vivre dans l’urgence de la vie.

Vivez donc votre écriture (et contez quelque histoire digne d’intérêt), et si toutefois vous voulez à ce point commenter celle des autres, mettez donc en avant les auteurs que vous appréciez, et évitez les pseudo-analyses sur les micro-structures qui ne prouvent que votre incapacité à cerner ce que peut être l’écriture.

Vous avez bien le droit de trouver un livre inintéressant, lourd, froid ou au contraire trop plein de sensibilité, mais rappelez-vous bien que tout cela est par nature subjectif... et que Proust peut non seulement être considéré comme l’auteur français au style le plus empesé et pénible qui soit, mais aussi comme un de ceux qui sait le mieux embarquer son lecteur au plus profond de son univers.

Sur ce, je retourne à ce livre de Jérôme Ferrari qui, s’il m’a embarqué dès la première page, m’aura malheureusement conduit jusqu’à votre blog où, j’espère que vous en êtes conscient, vous me faites perdre votre temps par vos "analyses" "littéraires" imbéciles.

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