Écrire, c’est sculpter, non seulement le texte, mais aussi et avant tout les lecteurs. Eux-mêmes, en parlant des textes qu’ils aiment, en les offrants, en les échangeant, sculptent, donc transforment leurs amis… et cette foule transformée ne peut que changer le monde.

Partager est donc un acte politique inaliénable et il serait bien paradoxal que le numérique en limite la portée au nom d’un quelconque copyright.

J’ai toujours partagé mes livres papier avec mes amis, je veux pouvoir partager mes livres électroniques. Je viens donc de m’inscrire sur Ownshelf.com. J’y ai placé mes trois lectures 2012 essentielles.

Colline de Jean Giono

1929

colline
colline

J’ai retrouvé dans ce premier roman de Giono les mots de mes grands-parents, des gens du village, avec en arrière-plan une nature encore sacrée, remplie de secrets et de sombres histoires héritées de religions païennes.

Pays de neige de Yasunari Kawabata

1947

neigePays de neige
neigePays de neige

Minimalisme extrême sur fond blanc. Un homme et une femme s’aiment presque en silence. C’est une traduction, mais une traduction dans un style parfait, limpide, jamais excessif. Je suis resté admiratif au fil des pages.

Les mains du miracle de Joseph Kessel

1960

Les mains du miracle
Les mains du miracle

Cette fois c’est l’histoire extraordinaire du masseur de Himmler qui me tient. Adepte de la narrative nonfiction, Kessel fait du new new journalism avec brio, presque avant les Américains. Il ne se cache pas dans son histoire, sans nous imposer sa présence.

Suis-je un pirate ?

Il est vrai que je n’ai pas acheté ces trois livres. Ils traînaient sur le Net et ont atterri sur ma liseuse comme des milliers d’autres. Je les ai ouverts par hasard, au cours de ce qui est devenu une habitude zapping. Et ils m’ont attrapé, ébloui, exactement comme si j’avais tiré sur leur couverture dans la bibliothèque d’un ami et les avais feuilletés.

Je les partage à mon tour sur Ownshelf.com, pour prolonger leur vie, pour que la lumière qu’ils ont allumée en moi se propage dans le noir. Comment pourrais-je me sentir fautif ? Je n’éprouve pas la moindre culpabilité, d’autant qu’il s’agit d’œuvres déjà anciennes.

Quand il m’arrive ainsi de lire jusqu’au bout un livre d’un contemporain, trouvé sur le Net, je m’impose de l’acheter, pour contribuer à son travail, et qu’il puisse dans de bonnes conditions continuer à m’éblouir. Il me semble que c’est une bonne règle, une façon de réinventer le droit d’auteur sans attendre une nouvelle législation.

Note

J’aurais pu ici mettre des liens de téléchargement vers les trois livres, mais j’aurais été dans ce cas dans l’illégalité. Un peu comme si j’avais photocopié des livres papier. Partager sur un réseau social, réservé le partage à ses « amis » c’est comme leur ouvrir les portes de ma bibliothèque.