Quand Twitter, Facebook, et même la blogosphère, ne nous plaisent pas, nous pouvons les taguer, les rider, les détourner de leur usage pour y injecter de la beauté, ou pour les retourner contre leurs créateurs.

Les jeunes s’installent dans les squares, des bancs semblent mieux leur convenir que d’autres, ou l’entrée d’un parking, ou les marches d’un escalier aux arêtes ébréchées par les skates et les trottinettes.

De rage, parfois, ils cassent des bouteilles. J’en retrouve tous les matins, non loin de chez moi. Je m’énerve, en même temps je comprends. J’ai parfois envie de casser des bouteilles dans les rues du Net.

Une phrase du twittérateur Jean-Yves Fréchette m’a éclairée :

Le twittérature vient peut-être de ce désir d’occuper Twitter.

Et si la twittérature était, en effet, une façon de squatter l’espace public, une façon de le détourner de la marchandisation, de la banalisation du personal branding.

S’exprimer, c’est se signer. Donc se mettre en avant. Mais on peut le faire avec élégance, en ajoutant de la beauté dans un espace voué à l’utilitarisme et au profit.

Je ne m’étais jamais considéré comme un tagueur. Et j’ai longtemps taguer Twitter. Je continue en ce moment même en répétant automatiquement mon slogan : L’histoire de la twittérature est ici.

Même le spam peut être regardé comme une forme d’art. Et tous les blogueurs, paix à leur âme, taguent le Net voué aux marchands. Il ne reste plus qu’à inventer une façon de taguer les pages des eboutiques. J’y réussis sur Amazon en y glissant mes livres, c’est insuffisant. J’y ai réussi doublement en glissant en haut des résultats Google un papier négatif sur le Kindle Paperwhite. Encore insuffisant. Je voudrais décharger des bombes de peinture fluo.

Je devrais, comme le faisait jadis Demian West, poser partout où c’est possible des commentaires subversifs. Et Demian m’apparaît alors comme un précurseur du street art numérique. La twittérature est un art de rue. Un art interdit, non officiel. Et si c’était lui qui au final devenait le seul art d’aujourd’hui. Publier là où c’est interdit. Publier autre chose que ce qui est attendu. Jouer de la techno pour combattre la normalisation.