Je suis fidèle à Word depuis trente ans (j’ai juste retrouvé une photo compromettante de 1994). C’est mon stylo, bourré de macros. Mais cet outil n’évolue plus dans un monde technologique à l’évolution exponentielle. Il est donc largué. Depuis longtemps je n’attends plus ses nouvelles versions. Résultat : il n’est plus incontournable pour qui pratique l’écriture créative.

1994 dans PC Expert
1994 dans PC Expert

Beaucoup croient que pour écrire nous avons besoin d’une vieille guimbarde. Ils en restent à la vision machine à écrire numérique sans plus. C’est une étrange conception du métier d’auteur, enkysté, paralysé, comme si la technologie ne pouvait rien nous apporter de bon.

J’écris ce billet sous Word parce que je le lâche d’un trait. Il ne fait référence à aucun autre texte, il se construit de lui-même. Pour cette écriture immédiate, instinctive, Word convient, mais tout autant que n’importe quel éditeur de texte plus minimaliste. J’insère d’ailleurs directement les balises HTML si nécessaire, une vieille habitude acquise au début des années 1980 sur vi.

J’aurais juste du mal à me passer de la correction en temps réel, puis d’Antidote, très bien intégré à Word, ainsi que de mes macros, celle qui formate pour mon blog par exemple. Et c’est juste pour ces raisons que je ne quitte pas Word définitivement. Il reste ma machine à écrire, mais je lui en demande de moins en moins.

Il m’est arrivé d’écrire des textes longs d’un trait, sans jamais faire marche arrière et sans jamais penser à la suite. Par exemple La Quatrième Théorie. Pour cette écriture linéaire, Word reste parfait.

En revanche, pour m’attaquer à la vie de Didier Pittet, j’ai besoin de structurer. De décrire des personnages, des lieux, d’esquisser les différents chapitres, de rassembler pour chacun des notes, des transcriptions d’interviews, des documents… J’ai besoin de travailler en même temps en plusieurs points du texte. Sous Word, c’est tout simplement impensable. Sur Scrivener, c’est naturel. Ce traitement de texte a été conçu pour les auteurs. Plus qu’un traitement de texte, c’est un bureau où on organise les documents par dossiers et sous dossiers, tout en ayant une vue d’ensemble du livre final.

Dans cette catégorie, François Bon a évoqué Ulysse III, disponible uniquement sur Mac. Étant sous Windows, je n’y ai pas touché. Mais nous pouvons affirmer que l’histoire des traitements de texte se remet en marche. Malheureusement bien des acquis se perdent en chemin. On oublie les feuilles de style, pour moi indispensables, on oublie la correction dynamique, on oublie les macros… Pour toutes ces raisons, impossible de quitter Word, mais impossible de lui être fidèle.

Scrivener, mode plan
Scrivener, mode plan

Sur cette capture, on voit à gauche, la structure de mon livre avec divers documents définis par chapitre, à droite une vue synoptique, un mode plan bien plus intelligent.

Scrivener, écriture minimaliste
Scrivener, écriture minimaliste

J’aime particulièrement passer en mode écriture minimaliste. Ils ont tout compris sur Scrivener. Je peux enfin écrire avec une largeur d’écran idéale, cela indépendamment des réglages de mise en page.

Mais pas trop d’enthousiasme. Scrivener est encore mal dégrossi, à qui il manque par exemple une fonction cloud. Il nous montre juste que la porte est ouverte pour les nouveaux outils qui changeront la vie des auteurs.