Je ne vais pas vous raconter mon voyage en Basilicate. Du moins pas tout de suite. Et pourquoi ne pas le bloguer au jour le jour en même temps que je l’écris ? Parce que je veux couper, équilibrer, harmoniser. Autant de choses impossibles quand on aligne les billets en série. L’homme n’a pas inventé le traitement de texte pour qu’avec le blog nous cessions d’utiliser le copier-coller.
Quand je blogue, j’ai l’impression que mon billet du moment est définitif, et qu’importe si je change d’avis cinq minutes après avoir pressé le bouton Send. J’ai dans l’idée de tout donner, de ne rien garder en réserve, de ne surtout pas construire une narration, sinon celle de ma vie.
J’ai commencé à écrire mon voyage de cette façon. J’ouvre mon portable dès qu’une idée me traverse pour la purger immédiatement. Je ne pratique le Send que pour moi-même. Je le veux d’une pureté totale. Avec autorisation de me répéter, de mentir, d’inventer… avec beaucoup plus de franchise que quand je blogue. Après je verrai.
Je ne vais pas vous raconter mon voyage, mais je peux tout de même vous en parler. J’ai été invité par la région de Basilicate pour écrire un carnet de voyage, avec carte blanche. Ils ne m’ont même pas dit ce qu’ils feront du texte. Je sais juste que je pourrai le diffuser de mon côté, ce qui me convient.
Je n’ai encore aucune idée de la forme que prendra mon récit, autre raison pour ne pas enchaîner mécaniquement des billets. Il faut que je le vive et l’écrive pour le découvrir tel qu’il deviendra. Et c’est peut-être pour cette raison que je ne blogue jamais « littéraire ». La forme m’a toujours préoccupé, surtout la meta-forme étendue à de longs corpus.
J’ai donc atterri cet après-midi à Bari. Francesco et Giusi m’ont téléporté à 160 de moyenne à travers les Pouilles jusqu’à Policoro, et plus précisément jusqu’à l’hôtel Hr situé à une encablure du lido de cette petite ville. Imaginez le Cap d’Agde en cette saison. Vous ne serez pas loin de la vérité. Pour être plus juste, pensez à Palavas les Flots ou à Frontignan Plage si vous connaissez mon coin du Midi. Je ne suis pas dépaysé.
La nuit tombe tôt, à 17 heures c’est le noir total. J’ai marché sur la plage en suivant mon ombre, puis le long de promenade éclairée par des bulbes orange. Je n’ai pas de voiture. Je traquerai le génie du lieu où on me transportera.