Après ma journée d’exploration de la Basilicate, aujourd’hui la ville blanche de Pisticci, je regagne mon hôtel et je relis mes notes des jours précédents. Et je coupe ce que je ne veux pas voir dans mon récit de voyage.
Des réflexions sur l’écriture qui au mieux intéressent les lecteurs de mon blog. « Quand j’étais plus jeune, une énergie puissante me traversait, me donnant une sensation d’urgence, un stress né en moi-même. J’avais besoin de tout dire comme si chaque chose était d’une importance capitale. Je ne me trompais pas, c’était vrai pour moi, moi seul. Aujourd’hui, je dois aller chercher cette énergie dans la terre, me brancher à l’âme du monde, et la laisser m’éclabousser. Un arbre, une plage, un roc en surplomb d’une plaine ont la puissance d’une centrale atomique. En vieillissant, j’ai peur de me tarir, de devenir impuissant, de ne plus trouver la source où me régénérer. Je comprends le suicide de Romain Gary. Quand on a connu le speed, le slow n’a aucune saveur. Un impuissant en Basilicate pourrait être le titre d’un film porno bas de gamme. »
Tout ça pour justifier pourquoi je ne blogue pas au jour le jour mon voyage. Il me faudrait choisir ce que je garde avant d’avoir une idée de l’ensemble. Je ne sais même pas la place que j’occuperai dans ce récit. Juste un voyeur ou un impuissant qui se prend la tête ? Je l’ignore encore, j’écris toutes les lignes en même temps, animé par l’énergie de la vieille terre.