Les Chats Cosmiques présentent à l’occasion de l’Open Bidouille Camp de Brest les 17 et 18 mai prochains une box de contenus libres (musiques, vidéos, livres…) à laquelle ils vont ajouter Le Geste qui Sauve. Ils m’ont posé quelques questions. — C’est qui Thierry Crouzet ?
— J’ai écrit assez de livres pour qu’on me traite parfois d’auteur ou d’écrivain, même si le plus souvent on préfère me présenter comme informaticien, sous prétexte que j’ai fait une école d’ingénieur. J’ai l’impression que ce cursus, et aussi une brève expérience professionnelle de développeur, me collent à la peau dans notre France qui, au fond, déteste la technologie et méprise la culture geek. Dans J’ai débranché, je me présente comme un archéo-geek, un archi-vieux-geek, un dino-geek ou encore un geek fossile.
— Peux-tu nous parler du Geste qui Sauve ?
— Tout le monde s’est au moins une fois nettoyé les mains avec un gel antiseptique. Le produit s’est démocratisé en 2009 à l’occasion de la grippe H1N1. Ce qu’on sait moins, c’est que ce produit permet de sauver environ 8 millions de personnes par ans depuis qu’il est largement utilisé dans tous les hôpitaux. Dans Le Geste qui Sauve, je raconte comment Didier Pittet a réussi à diffuser le gel en offrant sa formulation en open source. C’est une magnifique métaphore de l’économie du don. De comment on induit un changement de comportement à large échelle.
— Pourquoi avoir fait le choix d’une licence libre ?
— Didier a donné le gel, je fais l’éloge du don, je pouvais par me contenter de vendre le livre. C’est une question de cohérence. Et puis, plus ce texte sera lu, mieux les gens comprendront comment se protéger de beaucoup de maladies, ils prendront aussi, peut-être, conscience qu’un geste tout simple peut avoir des conséquences gigantesques. Nous n’avons pas nécessairement besoin de mesures systémiques ou de technologies lourdes pour changer le monde.
— La bricole/bidouille en partage ça te parle ? (le slogan de l’Open Bidouille Camp, c’est « La bricole en partage »)
— Je suis pour l’avènement d’une société d’artisans high-tech. Connectés en réseau. Donc qui partagent leurs trouvailles, leurs bidouilles et leurs bricolages. Le secret technique, le copyright, le brevet, c’est la meilleure façon de bloquer l’innovation, et de la réserver aux grandes entreprises. Pour que l’artisanat se développe, nous devons tous posséder les mêmes outils, nous devons donc les partager.
— La question qui fâche : on dit guif ou jif ?
— J’ai toujours dit jif et serais bien incapable de changer maintenant d’habitude (même si ça serait plus politiquement incorrect).