Ou le List manifesto, parce que le succès de BuzzFeed n’est pas qu’une arnaque de plus, mais au contraire traduit une profonde particularité, voire perversité, de nôtre temps.

  1. Ératosthène listait dès le IIIe siècle av. J-C.
  2. Perec a repris l’idée au XXe siècle.
  3. C’est une sorte de mantra agréable au cerveau.
  4. Elles disent plus qu’un long discours.
  5. Bien que courtes, elles sont potentiellement infinies.
  6. Elles n’exigent ni effort de l’auteur ni du lecteur.
  7. Elles se prêtent à la lecture rapide.
  8. Les algorithmes en raffolent.
  9. Leur structure simple impose d’ajouter des points à des points, donc à dépasser la première intuition.
  10. Tant qu’elles n’ont pas trop de points, le lecteur peut les garder en tête et s’inventer un paysage (réédification de la totalité à partir d’un jeu d’échantillons).
  11. On peut les lire par la fin ou même dans le désordre.
  12. Sous leur apparence linéaire, elles sont circulaires.
  13. Elles bousculent la structure narrative et poussent vers le poétique.
  14. De par leurs propriétés topologiques, elles ont quelque chose de compatible avec le Net.
  15. Comme toute contrainte, au même titre que la rime ou la versification, elles stimulent l’auteur.
  16. Leur discontinuité les fait pencher vers la mécanique quantique, vers la structure la plus élémentaire de l’univers.
  17. Entre les items, le non-dit règne en maître.
  18. En deçà de la série, elles symbolisent la fin de la littérature, la décadence d’une époque.
  19. Elles s’opposent à l’idéalisme philosophique et consacrent le matérialisme.
  20. Elles invitent le lecteur à poursuivre le travail.