Nous maîtrisons l’écriture matricielle sur nos blogs, c’est-à-dire le tramage de billets qui, pris ensemble, forment une œuvre. Nous pouvons ainsi nous lancer dans des inventaires du monde, sorte de listes à la Perec, mais je n’ai jamais réussi à écrire une histoire suivie avec cette méthode.
Quand je dis écrire, c’est publier un jour sans savoir de quoi la suite sera faite, un peu comme je m’y suis amusé avec mon twiller, mais de telle façon qu’une histoire avance, avec l’objectif rêvé qu’elle soit aussi intelligible dans le désordre.
- Le blog facilite l’écriture tramée parce que les CMS ont orienté son histoire dans cette direction (permalien, tags, catégories, une en forme de sommaire…).
- La confiscation du mode rouleau par les réseaux sociaux a fait de chaque billet des solitaires hors de leur contexte de production (la trame est leur seul lien avec l’ensemble).
En redessinant cet automne mon blog pour réinventer le rouleau, ces choses me sont devenues de plus en plus claires. L’expérience Clitoria, texte que j’ai aimé écrire mais dont la publication a posteriori sur le blog m’a indifféré, m’a fait sentir avec une nouvelle force ce que j’aime écrire en ligne et qui, à mon sens, est propre à cette écriture.
- Tu écris, tu publies (le Send).
- Tu écoutes les réactions et ça influence ce que tu écris le lendemain (la cyborisation).
- Le rouleau donne l’idée de l’ensemble de l’œuvre mais chaque fragment doit être autonome (linéraire/non-linéaire).
- Si un jour l’œuvre finit dans un livre, c’est comme projection dans une métaphore ancienne, donc en se glissant dans un costume trop étroit pour elle (la réduction).
Conclusion, si je veux écrire une histoire, elle doit être compatible avec ce cahier des charges. Une vieille idée, tournée et retournée, s’est peu à peu imposée.
Titre : Une minute (qui a changé l’histoire de l’humanité).
Narration : raconter 365 fois la même minute vécue par 365 personnages différents.
Publication : Une minute par jour durant un an.
Trame : C’est l’instant décisif où nous apprenons que nous ne sommes plus seuls dans l’univers… et où nous envisageons toutes les options, même les pires.
Ce sera donc un texte romanesque et philosophique, scientifiques et politique, pour traiter d’un sujet auquel je pense depuis l’enfance, et qui, avec la découverte chaque jour d’une nouvelle exoplanète, finira par se produire. Alors autant s’y préparer par la fiction, une sorte de 24H Chrono compressé et répété, chaque fois sous un angle différent, pour que toute la complexité de la situation apparaissent peu à peu.
J’aimerais publier à partir du premier janvier 2015 pour finir le 31 décembre suivant (et si je commence plus tard, c’est pas grave). Je n’écris ce billet que pour me donner du courage et m’engager.
PS : Je développe la réflexion théorique esquissée dans ce billet dans La mécanique du texte.