J’aime la synchronicité que favorise le Net. Le premier janvier, alors que je m’apprêtais à publier la minute 1 de ma série SF de l’année, j’ai vu Neil Jomunsi expérimenter avec Wattpad. Je l’ai suivi et c’est comme ça que j’ai commencé à prendre conscience de la puissance de cet outil (et une petite bande avec moi).

Retour en arrière d’abord. Depuis trois mois, je suis dans une phase réappropriation du mode rouleau propre au blog. Je veux que les billets se suivent, forment des séries à dérouler, plutôt que flotter chacun isolément comme de simples articles de presse.

J’avais l’intention de publier ma série 1 minute chez moi, ici même, mais aussi ailleurs. Un moment, j’ai pensé créer une page Facebook et exploiter son mode rouleau, puis voilà que Wattpad déboule dans ma vie.

J’avais un vieux compte, laissé comme souvent en jachère, dans l’attente d’une occasion. Et de fait, mon projet de feuilleton quotidien est idéal pour Wattpad. C’est même une plateforme créée pour les feuilletonistes.

Les lecteurs s’abonnent à des séries et reçoivent des alertes à chaque nouvelle publication. Ils peuvent lire en mode liseuse sur tablette ou téléphone, mais aussi voter, commenter, et ainsi participer à la suite de l’histoire. La lecture sociale devient en même temps écriture sociale, comme j’ai pu le pratiquer sur Twitter en 2009-2010, mais avec une interface dédiée.

Bien sûr, je publie hors de mon blog avec beaucoup de réticences. Je n’aime pas cette idée des plateformes qui raflent les contenus, les monétisent, ne laissent que des miettes aux auteurs, mais je suis obligé d’admettre que le blog n’est pas un espace littéraire, en tout cas pas un espace narratif.

Chaque fois que je publie de la fiction par épisodes sur le blog, elle est moins lue que la fiction en un seul billet sous forme d’une courte nouvelle. Alors, oui, c’est peut-être un défaut qui m’est propre, mais je ne crois pas.

Un blog se feuillette. Sauter des pages, c’est le mode naturel de lecture. Même en s’abonnant au fil RSS, il est difficile de ne rien manquer des écrits d’un blogueur. Tout ça ne favorise pas la narration, mais les séries discontinues. Alors Wattpad vient combler un vide dans l’espace éditorial littéraire.

Analyse des chiffres

Pour moi, cette expérience Wattpad sera réussie si les lecteurs s’engagent, en votant et surtout en me donnant leurs avis. Au regard des graphiques de suivi, ce n’est pas gagné.

Wattpad mesure l'engagement des lecteurs.
Wattpad mesure l'engagement des lecteurs.

Wattpad propose d’autres chiffres intéressants. Pour chaque chapitre, on a le nombre de visites et le pourcentage de lecteurs qui sont allés au bout, on peut en déduire le lectorat réel par chapitre, ce qui est quasi impossible sur un blog.

Tableau de bord Wattpad avec stats.
Tableau de bord Wattpad avec stats.
Évolution du lectorat de 1 minute (les derniers jours peut significatif, faut laisser le temps de lire).
Évolution du lectorat de 1 minute (les derniers jours peut significatif, faut laisser le temps de lire).

Si je n’écrivais que pour plaire, je serais terrorisé par cette courbe qui, d’ici la fin du mois, touchera le fond. J’espère que le nombre de lecteurs sur Wattpad se stabilisera à une centaine et autant sur le blog, notamment via ma newsletter, autre outil de fidélisation qui a de beaux jours devant lui avec la saturation des réseaux sociaux.

Wattpad n’est donc pas le nouvel eldorado littéraire, mais plutôt une interface plus adaptée que le blog pour la narration, et donc à utiliser en complément. Dans la mesure du possible, je diversifie mon offre de modes de lecture : blog, Wattpad, ebook, papier, mail… et que les lecteurs choisissent.

Wattpad permet notamment de toucher des lecteurs plus jeunes que le blog. Mais encore faut-il écrire pour eux.
Wattpad permet notamment de toucher des lecteurs plus jeunes que le blog. Mais encore faut-il écrire pour eux.