Si t’es auteur, tu antidotes

Quand une attachée de presse me propose de parler d’un produit ou d’un service, je la remballe plus ou moins gentiment. Mais difficile d’envoyer bouler Clotilde Zeller quand elle me demande si j’aimerais tester la version 9 d’Antidote. Je suis accro à ce correcteur orthographique depuis des années et je suis encore surpris de croiser régulièrement des auteurs qui ignorent jusqu’à son existence.

Depuis bien longtemps les nouveautés logicielles ne m’excitent plus, sauf pour les deux produits qui me sont indispensables au quotidien : Ulysses, mon traitement de texte, et Antidote, mon correcteur que je greffe dessus. Ce couple est devenu la Rolls-Royce de l’écrivain.

Certes, je fais beaucoup de fautes, et je suis donc particulièrement sensible à la correction. Durant des années, j’ai dû me contenter de l’indigente correction proposée par Word. J’étais obligé de faire relire chacune de mes lignes par Isa (ce qui lui donnait l’occasion de me censurer). En basculant sous Antidote, j’ai enfin trouvé le courage de publier mes textes tout seul (et de me soustraire à la censure).

Mon premier jet truffé de fautes.
Mon premier jet truffé de fautes.

Bien sûr, Antidote ne vaut pas un correcteur humain professionnel, mais il est à ce jour ce qui se fait de mieux en automatique, avec parfois une rigueur énervante, car il voudrait nous faire écrire un peu trop comme il se doit. Que ses développeurs se rassurent : les correcteurs humains sont tout aussi maniaques et il est parfois plus difficile d’outrepasser leurs suggestions que celles d’Antidote. Avec lui, il me suffit de fermer les yeux. Avec mes interlocuteurs humains, le ton est souvent monté très haut, trop haut.

Si Antidote n’était qu’un correcteur, ce serait déjà génial, mais je ne serais sans doute pas aussi accro à ses services. Pour moi, il est devenu un véritable conseiller littéraire. Une fois que j’ai écrit un texte, en général très vite, d’un jet, je le corrige, je le relis et le lisse à l’oreille. Souvent je m’arrête là, je publie sur mon blog. D’autre fois, quand je travaille un texte plus long, plus littéraire, plus soigné, je le visionne avec le module stylistique d’Antidote.

Module répétition
Module répétition

Les trois onglets de ce module, renouvelés et modernisés sur la version 9, m’aident à prendre du recul sur mon texte, à le regarder comme celui d’un autre. Ils me révèlent souvent ce que je n’avais pas vu. Alors, libre à moi de chasser les répétitions, les mots inappropriés, les tournures imprécises. Je ne suis plus seul devant mon texte. Antidote est mon premier lecteur, objectif et bienveillant.

Quand je ne trouve pas un mot, j’ouvre les dictionnaires associés avec qui je voyage dans la langue (synonymes, antonymes, citations…). Tout est là, de plus en plus riche à chaque nouvelle version. Il est désormais très rare que je me réfère au Grevisse ou au Robert. Antidote les a tous remplacés. En prime, désormais, il corrige l’anglais grâce à un module optionnel. Ça tombe particulièrement bien parce que je travaille sur un document qui mêle les deux langues.

Dictionnaires
Dictionnaires

Tout n’est pas parfait dans le meilleur des mondes. Le correcteur me signale à tout bout de phrase des « ruptures » qu’il n’explicite pas. Sur Mac, Antidote se ramasse de temps à autre, surtout quand je lui demande de relire un texte saisi sur Chrome. Je lui ai donné à manger l’intégralité de One Minute et il s’est étouffé (c’est un problème récurrent de version en version). Alors que sous Ulysses, Chrome et les autres applications, je lance Antidote depuis le menu contextuel, je ne vois plus cette option sur Word (c’était le cas avant un bug sans doute lié à ma configuration). Comme par mégarde j’ai fermé la déplaisante barre d’outils Antidote affichée à l’installation sous Word, j’ai dû batailler pour lancer Antidote. J’ai commencé par lui attribuer un raccourci clavier dans les préférences système avant qu’un gentil sauveteur me rappelle la présence de l’icône Antitode sur la barre de menu supérieure du Mac. Rien de dramatique.

Racourcis
Racourcis

J’ai tout de même un souhait. Ulysses est désormais disponible sur Mac, iPhone, iPad… Sur ces deux derniers appareils, mon bureau est incomplet faute d’y trouver aussi Antidote. Ulysses se sent un peu seul. Son indispensable compagnon lui manque, et à moi aussi.