La démocratie représentative ne m’intéresse pas, parce qu’elle revient à désigner le coq de la bassecour, exercice qui me paraît rétrograde, parfois même inquiétant, d’autant plus que ceux qui y participent croient dur comme fer qu’il n’existe pas d’autres solutions.
Je passe. En revanche, j’aime la dispute, le débat, et peu importe ce qui les cause. Dans la primaire socialiste, je vois un Benoît Hamon qui porte une vision nouvelle contre les rétrogrades dorénavant incarnés par Manuel Valls. La victoire de Hamon au premier tour est une bonne nouvelle : elle montre que les socialistes commencent à comprendre le revenu universel.
Pour convaincre les autres, pour répondre à leurs arguments, voici quelques points qui me paraissent importants.
- La sécurité sociale a été jugée irréalisable et maintenant nous jugeons irréaliste de la supprimer. Il pourrait en aller ainsi avec le revenu universel.
- Le plein emploi est une utopie (le plein emploi avec de véritables boulots, je veux dire). Nous œuvrons depuis toujours pour moins travailler, pour que des machines s’échinent à notre place. Nous devons accompagner cette transition vers une société du temps libre et du travail choisi.
- Le véritable plein emploi dans une société technologiquement avancée impliquerait une croissance démesurée que la biosphère ne serait peut-être pas capable d’encaisser.
- La gauche doit s’arracher du bourbier de la valeur travail, un mythe soigneusement concocté par les patrons eux-mêmes. Le travail n’est pas synonyme d’émancipation, de dignité, d’indépendance… La gauche doit faire de la liberté de tous sa valeur directrice. Le revenu universel va en ce sens, en nous offrant plus de choix, plus de possibilités…
- Le revenu universel peut être financé de nombreuses façons. Par exemple en redistribuant une partie des aides actuelles et en recourant au quantitative easing for the people.
- En même temps que la société du temps libre se développe, nous sommes de plus en plus nombreux à pousser des contenus dans l’espace numérique. Le revenu universel serait une façon transparente de rémunérer ces créations. Je ne vois pas d’autre solution pour accompagner la révolution digitale et la libre circulation des contenus.
- Le revenu universel est éminemment de gauche puisqu’il reconnaît que des centaines de tâches vitales pour la société n’ont jamais été rémunérées : élever les enfants, faire le ménage, être bénévole dans une association… C’est une mesure pour balayer cette injustice.
- Le revenu universel revient à donner à tous le droit d’échanger des biens ou des services.
Mais attention, le revenu universel reste une idée. Il serait dangereux de l’appliquer sans expérimenter. Il faut en tester plusieurs variantes dans plusieurs villes, puis tirer les leçons de ces expériences avant de songer à les étendre. Il faut donc changer de méthode politique. Passer du politicien qui sait tout à celui qui a des projets et veut tenter de les mettre en œuvre. Voici ce qui est réaliste.