Chaque fois que j’entre dans une librairie, j’ai un coup de déprime. Nous autres auteurs sommes fous, et nos éditeurs encore plus fous. Pourquoi mettre en vente tous ces livres que presque personne ne lira ? Pourquoi avoir une démarche commerciale pour des objets qui, la plupart du temps, n’ont aucune ambition commerciale ?

Mon malaise est d’autant plus grand quand je m’apprête à polluer avec une de mes nouvelles productions ces étagères déjà saturées et ces présentoirs déjà éclatants. Et ne croyez pas que ce soit mieux quand nous diffusons gratuitement en ligne, ça participe à la même avalanche, au même ensevelissement général… Il est juste moins physiquement oppressant.

Je ne critique pas notre désir d’écrire, nous avons tous de bonnes raisons de le faire, mais publier est-ce raisonnable ? D’autant que, le plus souvent, il ne se passe rien quand nous le faisons. Vous sortez votre livre et c’est le silence sur les ondes, sur le papier, sur le Web, même dans les dîners mondains.

Une journaliste m’a demandé pourquoi j’ai écrit Résistants ?

J’aurais dû lui dire parce que je suis masochiste, parce que j’aime travailler durant des mois, voire des années, sur des projets inutiles. Mais j’ai été politiquement correct, j’ai joué le jeu, et comme on nous pose toujours cette question du « pourquoi ce livre », je me suis amusé à monter une réponse rapide en vidéo, sans une once de cynisme. Parce que j’ai une bonne raison d’avoir écrit Résistants, chaque fois nous nous trouvons de bonnes raisons.

PS : Bon, je suis pas encore au point pour devenir Youtuber. Je dois me payer un micro et aussi désactiver l’autofocus de mon Gx80.