Ma configuration électrique
Ma configuration électrique

Bikepacking : optimisation électrique

Beaucoup de bikepackers ne pensent que voyage, moi je n’oublie jamais les quatre dimensions du vélo : sportive, sociale, pilotage et esthétique.

Le voyage implique des rencontres, surtout s’il est pratiqué à plusieurs (dimension sociale). Il implique de découvrir des paysages, des lumières, des senteurs (dimension esthétique). Il implique du sport, mais pas forcément beaucoup : on prend son temps et on ne cherche pas la difficulté pour la difficulté, style grimper un col pour le plaisir de l’ascension quand une route moins difficile permet de l’éviter. En voyage, on va d’un point à un autre par le chemin le plus exaltant, mais pas nécessairement le plus exigeant physiquement. L’important, c’est de durer. Enfin, il y a la dimension pilotage, qui n’a pas de lien évident avec le voyage, que beaucoup de cyclos mettent de côté, mais pas moi. Je veux que ma bécane fusionne avec moi jusqu’à ce que je glisse sur les routes et les chemins. Alors le poids joue contre moi : il bride mes sensations, limite mes possibilités, m’interdit certains itinéraires. Avant de me lancer dans un raid de bikepacking, je traque les grammes inutiles.

Pour ma troisième aventure, The Moutain 420, un périple dans le sud des Appalaches, avec 690 km pour près de 15 000 m de dénivelé, j’essaie d’optimiser mon équipement. Je commence par l’aspect électrique, partant d’une constatation simple : je m’élancerai le 18 mai, à un mois de l’équinoxe d’été, et donc je ne roulerai que de jour, sauf imprévu toujours possible.

On y verra clair avant 6 h et jusqu’après 21 h, soit au moins 15 heures de propices au vélo, bien assez pour me sécher vu le dénivelé. J’ai donc pensé que je n’avais pas besoin de disposer d’un éclairage surpuissant.

Voici la configuration utilisée en février et mars pour mes deux HuRaCan, où tous les jours nous avons roulé de nuit :

  • À l’arrière, une Blitzu Cyborg 168T de 45 g avec sa fixation. J’ai été déçu par cette lampe. Bien que très lumineuse, son autonomie n’est que de 4 heures en mode flash.
  • À l’avant, une Nitecore BR35, 233 g, support de guidon, 28 g. C’est de loin la meilleure lampe VTT que j’ai utilisée à ce jour. À puissance maximale, elle crache 1 800 lumens, mais je me trouve bien à rouler avec 200 lumens quand les chemins ne sont pas trop techniques ce qui me donne plus de 16 heures d’autonomie.
  • Pour le camp, une vieille frontale Décathlon à piles, pesant 78 g, m’offrant une autonome de 6 heures environ.
  • Mon Garmin 820, 67 g, adaptateur guidon, 38 g.
  • Mon iPhone 6 plus, 173 g, sa coque, 23 g, son étui étanche, 38 g, total 235 g.
  • Pour les branchements, un câble iPhone, 22 g, un câble USB long (pour atteindre le GPS depuis le sac de cadre), 19 g, un câble USB court, 12 g.
  • Pour la connexion au secteur, un Anker PowerPort Mini Dual Port, 36 g.
  • Pour recharger, une batterie Anker PowerCore 20100, 356 g.
  • Sac de rangement du matos électrique, 9 g.

Poids total 1 177 g, dont 384 g pour le seul éclairage.

Pour l’arrière

J’ai commencé par chercher un nouvel éclairage arrière disposant d’une meilleure autonomie. Après de longues discussions en ligne, j’ai arrêté mon choix à la Knog Blinder Mob Mr Chips, 35 g, disposant sur le papier de 54 heures d’automie en mode eco flash (la plus autonome de toutes les Knog). J’ai finalement écarté l’Exposure TraceR MK2 With ReAKT And Peloton, 35 g, la Bontrager Flare R, 46 g, et la Ceco T40, 59 g. En théorie, même en voyage, vu que je vais le moins souvent possible sur la route, la Knog tiendra une semaine sans être rechargée (depuis que je suis en Floride, j’allume ma lampe arrière dès que je suis sur route, même le jour).

J’ai ensuite envisagé différents scénarios.

Scénario 1

Je me suis dit qu’il était inutile de disposer d’une lampe avec sa propre batterie. J’ai donc cherché un phare à brancher en USB sur mon Anker. J’ai trouvé plusieurs modèles chinois pesant environ 65 g avec leur support (Lumintrail, 6000LM, Duo Light ou Single Light). Mon éclairage passait ainsi de 384 g à 178 g, soit un gain de 54 %.

Scénario 2

Puis j’ai pensé à ma philosophie minimaliste : plus un objet remplit de fonctions, mieux c’est. En été, pourquoi ne pas utiliser seulement une frontale, une lampe qui servirait en même temps sur le vélo et au camp ? Knog propose la PWR RIDER DUO, avec 2 heures d’autonomie à 450 lumens et 16 heures en mode frontale, elle dispose en prime d’un feu arrière, le tout pour 115 g et 15 g pour la fixation. Gain record de : 66 %. Mais j’ai écarté cette solution trois en un. Je veux disposer d’une lumière arrière plus autonome.

Scénario 3

Je me suis donc cantonné aux solutions deux en un. Chez Knob, j’ai un moment considéré la Blinder Road, 400 lumens, 8 heures d’autonomie, à monter sur casque ou guidon, 105 g et 15 g pour la fixation casque. Poids total avec lampe arrière : 155 g. Gain : 60 %.

Scénario 4

J’ai longuement lorgné sur l’Exposure Joystick MK13, 1 000 lumens, 93 g, 12 g pour la fixation casque, 12 g pour le câble maison (ce n’est pas un micro USB). Poids total : 152 g. Gain : 60 %.

Scénario 5

Plus je me suis imaginé avec l’Exposure sur la tête, moins je me suis aimé. Impossible de ne pas penser à Michael Schumacher qui s’est enfoncé sa GoPro dans le crâne. Je n’ai pas envie d’avoir un objet sur mon casque à longueur de journée, d’autant plus vissé sur lui (ces systèmes de fixations étant d’ailleurs plus utilisables sur les nouveaux casques Trek). Je suis revenu à l’idée d’une frontale, d’autant qu’on m’a suggéré une lampe française, la Stoots Kiska 2, avec une puissance maximale de 1 000 lumens, une autonomie de 15 heures à 200 lumens. Son poids : 72 g, le bandeau 33 g, le chargeur 14 g. Total de la configuration : 155 g. Gain : 60 %. Je me suis arrêté à cette solution polyvalente. Au camp, pas besoin de garder mon casque sur la tête. En prime, j’utiliserai la Stoots pour mes footings hivernaux.

Qui peut le plus peut le moins

En écrivant cet article, j’ai pris conscience que je pouvais encore m’alléger et simplifier mon équipement. J’ai commencé par me dire que je pouvais raccourcir mon câble iPhone, puis j’ai découvert un câble USB de 15 cm disposant d’un adaptateur iPhone (9 g). Plus besoin de trois câbles, un USB/iPhone et un USB de 30 cm suffisent (d’autant que mon matériel électrique a migré dans un top tube pack d’Apidura, très proche du GPS). Poids total des câbles : 21 g contre 53 g.

J’ai tenté d’alléger mon iPhone en jouant sur son double étui, mais je n’ai pas trouvé d’étui étanche à moins de 60 g (j’ai tout de même supprimé le double étui, ce qui sera plus pratique pour prendre des photos).

Je suis donc passé de 1 177 g pour l’électricité à 907 g, gain de 23 %. Plus que le poids, j’ai réduit le nombre d’objets à transporter, donc leur volume. J’ai fait un petit pas vers la simplicité.

Comparaison
Comparaison

Le point lourd

Quand je regarde mon bilan, l’Anker apparaît comme la partie lourde, celle sans doute où il y a le plus à gagner. C’est quoi un Anker ? Un boîtier avec six accumulateurs de type 18650, avec un peu d’électronique pour gérer la charge, la régulation de tension, proposer des ports de connection.

Un lecteur bikepacker m’a suggérer d’emporter à la place un nombre d’accumulateurs proportionnel à la durée du voyage, avec un chargeur qui ne pèse pas plus de 30 g. C’est une piste interressante, mais il ne faut pas oublier qu’en bikepacking on cherche à réduire le poids, le volume et le nombre d’objets en même temps. Je ne suis pas sûr que cette solution soit très pratique à l’usage. Si je dois emporter neuf accumulateurs ou plus, je préfère en rester à mon Anker.

L’option dynamo

Une toute approche est possible, en passant par une dynamo. Si je partais sur une configuration dynamo idéale, il me faudrait débourser environ 700 €. Pour ce prix, en plus des lampes, j’aurais une Dynamo SON 28 boost, 480 g, contre 135 g pour un moyeu Industry Nine Torch, par exemple, donc 355 g de malus. Pour recharger mes équipements USB, il me faudrait un chargeur de type Cinq 5 The Plug, poids 140 g. Je devrais ajouter un interrupteur pour basculer entre le chargeur et les lampes. Il me faudrait des câbles, disons 100 g au minimum. Dans l’idéal, il me faudrait même une batterie tampon, pour pouvoir m’éclairer à l’arrêt, genre Cinq 5 Smart Power Pack II 3000 mAh, 85 g, et même un adaptateur secteur, 36 g, parce qu’on ne sait jamais, et même une frontale, car faut bien s’éclairer au camp. Bilan de la configuration sans les lampes : plus de 700 g. Pour ce poids, je peux emporter deux Anker 20100, disposer potentiellement de plus 8 jours d’autonomie électrique (sachant qu’un Anker, c’est 50 €). Selon ces calculs rapides, je ne songerai dynamo que si un jour plus qu’hypothétique je dois quitter la civilisation à vélo pour plus d’une semaine.

Je comprends le choix de ceux qui avec la dynamo optent pour une forme de tranquillité. Reste que l’installation d’une Dynamo n’est pas neutre. Une dynamo nous pique de la puissance qu’elle soit branchée ou non, entre 1 et 7 watts, ce n’est pas énorme, mais c’est comme un fil à la patte, avec à mes yeux un point noir : la légèreté des roues est plus importante que celle de tous les autres composants du vélo (il vaut mieux un cadre en alu et des roues en carbone que le contraire). Une fois le vélo lancé, nous percevons avant tout le poids des parties en rotation (roues, pédalier, cassette…). Ajouter une dynamo, même si c’est au centre de la roue, c’est ajouter du poids au composant que nous cherchons généralement à alléger en priorité.

Pire, une fois une dynamo installée, elle reste accrochée à notre vélo. Nous devons la promener partout, même quand elle est inutile lors de nos sorties d’entraînement. Cette solution, en plus d’être coûteuse, manque de souplesse. Elle avait tout son sens quand les batteries externes n’existaient pas. Elle ne reste un choix rationnel que pour quelques bikepackers de l’extrême.

PS : Je discutais il y a peu avec un bikepacker qui me disait préférer charger l’avant et l’arrière de son vélo. Je ne sais vraiment pas sur quel terrain il roule pour arriver à une telle conclusion qui défie les lois de la physique. Pour beaucoup de cyclistes, la rationalité est souvent mise de côté, au profit d’idées reçues, de modes, d’habitudes. Pour ma part, je reste ingénieur quand je pense équipement. Par exemple, la charge, je sais qu’il faut la rapprocher du centre de gravité, plus on éloigne des masses de ce centre plus on déséquilibre le vélo. Voilà pourquoi je privilégie les sacs de cadre aux autres sacs, car ils permettent de maximiser la charge au centre.