Vue après trente minutes

Vendredi 24 avril. Légère brume en matinée qui laisse vite percer un soleil doux, puis un ciel bleu pâle s’intensifiant dans après-midi jusqu’à ce que la fraîcheur retombe en soirée. Le même temps se répète de jour en jour. C’était les conditions parfaites pour un long week-end bikepacking. Nous aurions dû nous élancer à une dizaine pour inaugurer le Grand Tour de l’Hérault à monstercross/VTT, mais le confinement en a voulu autrement.

Début mars, j’étais presque prêt, il me manquait quelques détails à régler, quelques achats pour adapter ma configuration à un voyage printanier avec des nuits potentiellement fraîches. Voilà comment je comptais partir et comment je partirai début juin dès que nous en aurons la possibilité, même si les jambes ne seront pas très vaillantes.

Le vélo

Lors de mes quatre voyages 2019, j’ai roulé avec un Salsa Timberjack, VTT semi-ridige hyperconfortable, mais trop lourd à mon goût avec ses 12,7 kg (kit cadre+fourche 4,6 kg en large).

J’ai commencé à lorgner sur le Salsa Cutthroat 2020. J’aime ce vélo, mais j’avoue ne pas être fan des guidons gravel dans les chemins techniques (kit cadre+fourche environ 2 kg en large).

J’ai en suite longuement hésité à commander un VTT Caminade en titane, mais j’ai fini par renoncer (trop cher, trop lourd, sans que je sois convaincu par le gain en confort, mais à coup sûr convaincu par un certain snobisme attaché au titane). Puis Specialized a annoncé son nouveau Epic HT avec un cadre ultraléger dans sa version S-Works, un vélo que je connais bien puisque je roule avec dans sa version tout-suspendu depuis trois ans, un vélo dont le modèle entrée de gamme reste abordable pour un carbone (2 099 € prix public), un vélo que j’ai pu essayer chez AllBikes7, à deux pas de chez moi et qui m’a tout de suite conquis, d’autant que c’est la monture de choix de Lael Wilcox (qui l’a équipée avec un guidon gravel).

Epic Monstercross
Epic Monstercross

Je n’ai même pas eu à commander l’Epic HT version de base, cadre large couleur rouge. Il était en stock, dans son carton, pas encore monté. Avec AllBikes7, nous l’avons transformé en monstercross, nous inspirant cette fois de la config de Sofian Sehili. Nous avons remplacé la fourche télescopique d’origine par une Bombtrack BPC, conçue pour le bikepacking (650 g), avec la possibilité de monter des pneus de 3,0 pouces. Nous arrivons ainsi à un kit cadre+fourche à 1,6 kg (j’ai donc gagné 3 kg par rapport au Timberjack, ce qui était mon objectif).

J’ai récupéré les roues Ibis 942 montées sur le Timberjack que j’ai chaussées avec des Vittoria Mezcal Race Graphène 2.0 en 2,25. Pneus relativement légers 690 g, assez rapides, qui à mon avis manquent un peu de grip à l’avant, mais comme en bikepacking il faut rester roulant j’ai opté pour ce compromis (mais peut-être que je monterai un Vittoria Barzo devant). Dans une première version, j’avais monté devant un FastTrack en 2,6, derrière un FastTrack en 2,3. Le confort était au rendez-vous, la tenue de route aussi, mais sur l’asphalte et les chemins roulants je pédalais sur un tracteur. Je ne sais pas encore comment je partirai sur la GTH, soit avec les Mezcal, soit deux FastTrack 2,3. Pour tout vous dire, j’aurais bien monté un 2,1 pouces derrière, peut-être des Schwalbe Racing Ralph, mais c’est impossible avec mes jantes i35 dont j’aime trop le confort pour en changer.

J’ai gardé les freins d’origine de l’Epic, j’ai monté un dérailleur et une cassette Sram GX 10-50, un plateau 32 dents Sram Eagle X-Sync. J’ai déshabillé le Timberjack pour réduire les coûts, le remontant peu à peu dans sa version d’origine.

Selle ISM
Selle ISM

Côté selle après avoir longtemps roulé avec des Specialized Power, puis Power Arc, qui chaque fois me pinçaient la fesse gauche toujours au même endroit, provoquant parfois des inflammations, j’ai testé durant deux moi une Brooks C17 carved qui ne me blessait plus la fesse, mais qui m’irritait partout, sans parler de sa longueur excessive très casse couille dans les chemins accidentés. J’ai fini par en venir à une ISM PL1.0 monté sur un tube de selle Canyon avec une flexion de 20 mm.

Côté guidon, je suis très SQLab, avec des grips 711, des innerbars et un cintre flex 16° backsweep qui par sa souplesse absorbe les vibrations et les chocs (les Baramind étaient en rupture de stock et moins bien taillés à mon goût). J’hésite encore à installer un Aero Bolt-ON V2 pour disposer d’une troisième position lors des secteurs rectilignes et roulants.

Grip et corne
Grip et corne

Côté chaussures, après avoir testé une paire de Five Ten Freerider que j’ai trouvé lourde et pataude (800 g), j’utilise une ancienne paire Brooks Cascadia (756 g). Pour mieux faire, il me faut dénicher une paire avec semelles plus rigides, sans doute des chaussures d’approche utilisées en montagne, comme des Arc’teryx Konseal (700 g) ou des Arc’teryx Arakys (540 g). À titre de comparaison, mes Giro Empire VR80 avec la cale SPD pèsent 808 g.

Au final, j’ai un vélo sous les 9,5 kg, que je pourrais faire descendre sous les 9 kg en investissant sur des jantes plus étroites, un groupe plus haut de gamme, mais j’en vois pas encore la nécessité. Je dois d’abord mettre ce vélo à l’épreuve d’un premier voyage. Aussi bien le tout rigide 100 % carbone ne me conviendra pas pour le bikepacking, config que j’adore à VTT et gravel, config que je peux rendre plus confortable avec une fourche télescopique si nécessaire.

Le matos

Je pensais partir pour l’essentiel sur la configuration déjà décrite dans mon bouquin Une initiation au bikepacking.

En configuration été, mon sac de guidon Apidura 14L était parfait, mais j’ai besoin de prendre un peu plus de matos pour le printemps, donc d’un volume un peu plus grand. J’ai donc commandé un Revelate Design Pronghorn 23L qui, outre son volume, sa plus grande légèreté, peut se déclipser. C’est un gros avantage au moment de monter/démonter le camp, surtout le matin quand il faut remplir le sac. L’Apidura en restant attaché au vélo rend la compression un poil difficile. Pour cause coronavirus, je n’ai toujours pas reçu le Pronghorn commandé il y a plus de deux mois.

Pilotage
Pilotage

Mon sac de cadre Salsa s’adapte presque parfaitement à l’Epic. Je le complète par un top tube Revelate Design Mag-Tank 2000 1,5L que je trouve plus pratique à l’usage que l’Apidura. Mes outils vont sous la selle dans un Wolf Tooth B-Rad Roll-Top Bag que j’adore parce qu’on peut l’attacher presque n’importe où.

Sac de cadre Salsa
Sac de cadre Salsa

J’avais aussi prévu de commander des Zpacks Small Stuff Sack, des sous-sacs étanches ultralégers, pour y ranger mes différentes affaires (santé, câbles, fringues…). Jusque là j’utilisais les premiers sacs qui me tombaient sous la main, parfois en tissus et ils avaient tendance à pomper l’humidité.

Pour l’eau, j’utilise une poche d’hydratation que je loge dans le sac de cadre. J’emporte aussi une bouteille pliable que je remplis en général avant le camp et sur laquelle je peux brancher mon purificateur. J’ai un problème avec cette config : en fin de journée, boire l’eau du sac mélangée avec un électrolyte a tendance à m’écœurer. J’ai parfois envie d’eau pure. J’hésite encore à placer une gourde sur la fourche, gourde dans laquelle je mettrais l’électrolyte, pendant que la poche ne serait que ma réserve. Mais ce sera pour plus tard.

Côté énergie, j’ai remplacé ma batterie Anker PowerCore+ 20000 par une Huawei 40 W CP12S 12000, plus légère et qui se charge en deux heures seulement, le temps d’un arrêt restaurant.

Pour la nuit, le camp, les coups de froid, j’avais prévu d’acheter un pantalon doudoune, suivant l’exemple de Lael Wilcox qui en fait son équipement de bikepacking le plus vital. Cette solution me paraît plus modulaire qu’un sac de couchage plus chaud que mon Western Mountaineering NanoLite. Pour début juin dans l’Hérault, je n’en aurais pas besoin, peut-être prévoir un sac à viande ultra léger.