J’ai tracé ces courbes en supposant que la mortalité était de 0,65 % dans la première phase pour tomber à 0,5 % à partir de l’été. On découvre que pour la plupart des pays, sauf les pays scandinaves, la crise s’annonce plus sévère qu’au printemps (et rien ne dit que les pays scandinaves ne recevront pas la vague à leur tour).
Au-dessus des courbes, derrière le nom des pays, j’ai indiqué la séroprévalence estimée par le modèle (nombre de personnes ayant été infectées ramené à la population). L’immunité de groupe est partout très lointaine, d’autant plus que les anticorps ne semblent pas avoir une durée de vie très longue.
Ce modèle repose pour sur un paramètre incertain : la mortalité depuis juillet. On sait qu’elle a baissé après quelques progrès thérapeutiques, mais où en est-elle exactement ?
Dans ces secondes courbes, je compare l’awareness (cas testés/cas réels estimés) avec le nombre de tests pratiqués. Logiquement, plus on teste, plus l’awareness augmente. L’awareness doit donc évoluer de façon synchrone avec les tests. Avec 0,5 % on n’est pas trop mal. Dans une autre simulation, j’ai utilisé une mortalité de 0,3 %, qui reste très cohérente, tout en créant une seconde vague plus impressionnante, qui dès lors n’épargne plus les pays scandinaves. La mortalité est sans doute comprise entre 0,5 % et 0,3 % (si je l’abaisse encore, les courbes divergent).
Avec une mortalité à partir de juillet fixée à 0,4 %, j’obtiens, il me semble, la meilleure adéquation entre les évolutions de l’awareness et de la capacité de test. Des études épidémiologiques nous donneront des valeurs bien plus précises dans les semaines à venir.
Pourquoi cette brusque accélération ? Selon la métaphore de la baignoire, le bain se remplit jusqu’à soudain déborder. Alors le virus est endémique et quasiment plus personne ne peut lui échapper. Mais étrange synchronicité tout de même entre tous les pays.
Un facteur climatique ? Alors pourquoi les États-Unis ou le Mexique ont-ils souffert durant l’été ? Ou est-ce que ce virus a une légère préférence pour les températures printanières ou automnales ? Ou est-ce qu’avec les frimas nous vivons à l’intérieur et sommes plus prônes à nous contaminer ? Ou est-ce la faute du ras-le-bol qui nous pousserait à commettre des erreurs ? Ou est-ce une nouvelle variante du virus ?
Personne n’en sait rien. Reste que l’Europe est assiégée (je n’ose évoquer les États-Unis où c’est la catastrophe depuis des mois et où même la première vague n’a jamais été jugulée).