Quand j’ai entendu notre Premier ministre nous détailler les mesures accompagnant le reconfinement, je me suis dit que nous avions à notre tête un homme qui n’a retenu aucune des leçons de la première vague. La mission Macron a remonté des bugs dans la gestion de crise covid en France, notamment dans la communication, mais sans effet pour notre bon élève, peu habitué à être remis à sa place. Pourtant la France a été loin de briller en Europe, pas la plus mal classée, mais loin d’être parmi les meilleures nations. En conséquence, ne changeons rien, persistons dans la médiocrité. Ne regardons surtout pas ce qui a marché ailleurs.
Je rentre de faire mes courses. Pas dans de très grandes surfaces, dont j’ai croisé les parkings bondés. J’ai d’abord visité le BioCop du coin, puis le Grand Frais. Quand je suis entré dans les deux magasins, il y avait chaque fois un pauvre distributeur de gel hydro-alcoolique à demi défaillant, qu’absolument personne, excepté moi n’a utilisé de tout le temps où je l’ai eu en ligne de mire, et je l’ai volontairement observé.
Les clients entraient et sortaient comme des automates, poussant leur caddy avec leurs mains potentiellement infectées. Tous masqués, mais tous contagieux néanmoins. Voilà les comportements qui devraient être proscrits, pas d’acheter des livres en librairies ou de s’éloigner à plus d’un kilomètre de chez soi pour prendre l’air, comme si loin de chez soi on était plus contagieux qu’à proximité.
Avec ce gouvernement quelque chose bloque, comme si changer de stratégie, ou la faire évoluer, revenait à reconnaître les erreurs commises ou admettre que certaines mesures liberticides n’ont tout simplement aucun intérêt, et ne sont maintenu que parce il serait bon de souffrir pour aboutir à un résultat positif. Il y a pas loin d’une philosophie masochiste.
Par exemple, il a été démontré qu’un semi-confinement à la suisse ou à l’allemande était plus efficace qu’un confinement à la française, car il enraye tout autant l’épidémie, tout en impactant moins l’économie, maintenant le moral des citoyens, qui moins défiants sont alors plus enclins à adopter les mesures sanitaires indispensables.
Mais notre gouvernement n’a pas peur des contradictions. Il nous interdit les longues balades en forêt ou sur les plages où il n’y a absolument aucun risque de contagion, mais nous incite à nous masser dans les supermarchés qui ne désemplissent pas, car ils deviennent nos seuls lieux de distraction. On ne peut pas faire confiance à un gouvernement qui se complaît dans l’incohérence, qui oublie à chaque instant les raisons des mesures prises, perd de vue leur intérêt épidémiologique.
Notre Premier ministre ne veut rien savoir, il persiste dans l’erreur. Il nous a imposé le port du masque en extérieur et nous avons la démonstration que ce n’était pas la bonne décision. Parce que portant un masque nous nous croyons protégés et nous allons et venons en toute tranquillité alors que nous restons souvent des bombes épidémiologiques ambulantes. Je trouve ça criminel que le gouvernement n’ait pas rappelé à longueur de temps cette vérité, qu’il n’ait pas proposé gratuitement un kit anti-covid à tous les Français, avec un masque à porter aux bons moments, un gel hydro-alcoolique, pourquoi pas à attacher à la ceinture ou au sac comme cela se fait dans certains hôpitaux. Rien n’a été fait, puis le couperet tombe, un cran plus loin que nécessaire, avec un seul souci de nous le faire avaler la pilule, plutôt que de nous rendre partenaires des décisions qui nous obligent.
Nous pourrions les accepter si le gouvernement était irréprochable, mais ce n’est pas le cas. Ce mauvais élève n’a pas à faire régner la terreur dans toute la classe. Dans notre livre Vaincre les épidémies, nous avons proposé un seuil d’alerte à ne plus jamais oublier lors d’une épidémie : 1 mort par million d’habitants. Depuis le 22 septembre, la France a franchi ce seuil et nous avons passé 31 jours au-dessus, nous classant parmi les plus mauvais élèves en Europe. Encore une fois, nous avons pris du retard, et le retard implique des représailles sur chacun de nous.
Vous les voyez comme moi, les bons élèves, l’Allemagne ou la Suisse parmi nos voisins. Que font-ils ? Quelles mesures adoptent-ils ? Les promeneurs arpentent les forêts, les cyclistes les routes, ils ne signent pas de formulaire pour sortir de chez eux… Toutes les activités où la distanciation sociale est possible sont maintenues. Mais pourquoi ne prenons-nous pas exemple ? Pourquoi faire différemment ? Est-ce parce que vous pensez Monsieur le ministre que nous sommes plus bêtes que nos voisins ? N’avez-vous aucun respect pour nous ? Parce que voilà ce que je ressens et je ne dois pas être le seul.
Attention, je ne dis pas que des mesures difficiles n’étaient pas nécessaires, je me suis expliqué à ce sujet, mais il y a aucune raison de les rendre encore plus difficiles à accepter, voire à nous inciter à les rejeter parce qu’elles manquent de cohérence.