Jeudi 1er, Balaruc
Je dépile les paperasses en retard. Ma société Thaulk est clôturée depuis le 31/12/2019, mais les impôts, l’URSSAF et la Cipav continuent de me ponctionner, et pour faire cesser leurs surenchères je rebondis des uns aux autres, chacun demandant des justificatifs dépendants des autres. Une des plus belles : l’URSSAF a validé la fermeture de Thaulk, mais pour résilier mon statut de gérant il faut que je leur adresse les justificatifs qui leur prouvent que la boîte est fermée !
Vendredi 2, Balaruc
Je vais aux impôts. Une queue avec une cinquantaine de personnes dehors, sous le crachin. Je finis par la court-circuiter, expliquer que je viens pour récupérer un reliquat de TVA et c’est la patronne du centre qui me reçoit, une femme débordante d’énergie, qui me prend pour confident. La complexité administrative ne dépend pas des fonctionnaires, mais d’une paralysie progressive du système.
Je n’ai pas encore retrouvé le niveau d’énergie pour penser à la littérature.
Samedi 3, Balaruc
Dimanche 4, Balaruc
Réveil avec la sensation d’être stérile, d’un grand gâchis, d’un échec. Si je ne me retenais pas j’irais faire du vélo, parce que je n’y suis qu’un corps livré à des perceptions. Je succombe sous la bureaucratisation de la vie, de mille détails à régler et que ne je peux plus tenir à distance.
J’aime écrire dans mon carnet. Ça n’implique aucun calcul, aucune pensée littéraire, j’écris pour moi, peut-être moins depuis que je publie mes texte mensuellement. Je suis peut-être moins franc avec moi-même, la pudeur m’empêchant d’aller jusqu’au bout de mes pensées.
Entre mes carnets et mes livres, il y a mes récits à vélo, une écriture qui prend la forme du journal, mais qui d’un autre côté implique une réflexion préalable, l’élaboration de la trace qui sera suivie, la préparation du matériel, la fortification du mental. Il y a dans cette écriture tous les ingrédients de l’écriture d’un livre, et le texte vient alors de lui-même comme la conclusion d’un long travail.
J’ai la sensation d’être sur quelque chose de mon temps, qui à rapport à la terre, au territoire, à l’écologie, et même à une écologie de ce qui est bon pour le corps et l’esprit. Il y a un sujet, une forme, une philosophie. Est-ce de la littérature de voyage ? Oui, sans doute, mais le voyage peut être autour de chez soi, dans son jardin, sa ville, son département. C’est autant une exploration géographique que mentale.
Je suis heureux lors de ces « voyages » parce que je pratique une écriture libre et en même temps organisée, dirigée, élaborée. Je pédale et j’écris en même temps. J’ai réussi à faire entrer mon corps dans l’écriture, comme le peintre dans sa peinture, unir le geste et la pensée.
Lundi 5, Balaruc
Mardi 6, Balaruc
Pour répondre à Philippe Castelneau : un journal écrit pour être publié ne peut pas être intime parce que la publication implique des révisions, l’idée même de publication contraignant l’écriture. Je n’ai tenu un journal intime que tant que je ne l’ai pas publié et quand je continue ce journal, assez rarement, je ne le publie pas. Pour moi, le plus beau des journaux est celui de Gombrowicz, publié quasiment tous les mois au fil de l’eau dans la revue Kultura.
En 1952, Gombrowicz écrit que Gides lui « a montré la possibilité d’un journal à la fois public et privé. » Moi-même, je me place après eux, dans cet « à la fois ».
Dans un journal, on laisse une trace chronologique. Tel jour, éventuellement à telle heure et à tel endroit, je faisais ça, pensais ça, éprouvais ça. Mais il devient possible de tenir un journal autant spatial que chronologique, suivre presque minute par minute une journée dans l’espace, la donner à revivre, parce qu’elle a quelque chose d’exceptionnel, ou parce que peut-être sa simple banalité est extraordinaire.
Faire du vélo d’un endroit à un autre n’a rien de notable sauf pour qui le fait pour la première fois et tente de vivre pleinement, et d’autant plus pleinement qu’en suite il y a la possibilité du récit. Si le vélo m’aide à entrer dans mon autofiction, bien d’autres stratagèmes sont envisageables : explorer la ville, un musée, une communauté… Il faut un scénario, la trace pour le vélo, la suivre parce qu’elle donne une direction, implique des possibilités, propose des occasions, au-delà de ce que le hasard seul offrirait, mais sans l’empêcher, en se surajoutant à lui, exactement comme une œuvre d’art se doit de le faire.
Jeudi 8, Balaruc
Il fait un temps limpide, une de ces journées incroyables d’automne, une aigrette s’est posée sur le muré du bord de l’étang, elle soulève une de ses longues pattes, l’étend comme pour se détendre, puis ne bouge plus, observe autour d’elle et je n’ose pas bouger de peur de l’effrayer.
Vendredi 9, Sète
J’attends le TGV pour Paris, mon premier TGV depuis le début de la crise covid, mon premier retour à Paris. J’y vais pour voir Didier, pour passer un peu de temps avec lui, mais sans aucune envie de la ville. Il faudrait que je l’envisage à vélo, comme une aventure, mais avec les cafés fermés, les gens masqués, c’est le dernier endroit où j’ai envie d’être.
Du danger d’écrire sur le présent : se tromper. Mais l’important me paraît l’honnêteté, dire ce qui a été vécu et pensé sur le moment, raconter et non réédifier sans cesse pour paraître malin. J’ai un désir d’authenticité, de ma propre vérité.
Au sujet de l’épidémie, des gens s’enorgueillissent d’avoir raison ou non, se battent pour défendre des positions, comme si elles les engageaient, alors qu’elles devraient refléter ce que nous savons ou pensons savoir.
Je n’ai plus qu’envie d’être le témoin du présent, de le lire, sans jamais l’anticiper. Être là, voir, noter, comprendre les mécanismes du monde pour l’habiter encore un peu mieux. Je n’ai presque plus besoin de livres, le monde se donne tout entier à moi.
Vendredi 9, TGV
Me voilà obligé de faire la morale à un type assis près de moi parce qu’il ne porte pas son masque. Je lui dis que c’est aussi désagréable pour lui que pour tous les autres passagers, et qu’il n’y a aucune raison pour que lui ne respecte pas la règle. Je lui dis que c’est l’enfer pour nous tous cette histoire. Il me répond que l’enfer ce sont les gens. D’une voix assez forte pour que tous les passagers entendent, je lui lance : « Vous avez raison, en ce moment, l’enfer c’est vous. » Il se tait, met son masque.
J’ai bon dos à jouer le moraliste. Mais le wagon est bondé, la distanciation sociale impossible à respecter, et qu’une personne ne respecte pas la règle ruine les efforts de tous les autres. Voilà une belle entrée en matière pour ce petit voyage.
Ce type n’arrête pas de renifler. Peut-être il se sait malade et a envie de se venger sur les autres. Il doit y avoir des contaminateurs volontaires, il y en a toujours. Des gens se suicident et ne veulent pas partir seuls. Ça commence avec les fumeurs.
Dimanche 11, Sommières
Mardi 13, Balaruc
Le covid est devenu une sorte de drogue. Je n’arrive plus à écrire sur autre chose, incapable de retrouver une forme de légèreté. Le virus me plombe. Les statistiques m’obsèdent.
Je lis Kronos, le journal intime de Gombrowicz, dont la publication m’avait échappé. Pour le moment, je n’y découvre que sa sexualité pathologique. On en fait toute une affaire de cette histoire de sexualité alors qu’il s’agit de notre lien le plus évident avec le monde animal. La tendresse et le respect me paraissent des arts plus délicats et difficiles.
Mercredi 14, Balaruc
Il ne faut pas avoir envie d’écrire pour écrire. Je veux dire que l’écriture, la véritable, ne peut commencer que quand j’ai fait taire le bruit en moi, que je l’ai expurgé, et que commence une période de sérénité.
Fatigue ce matin, mal à la tête, et tout de suite surgit cette possibilité du covid, que peut-être je n’ai pas eu en février. Un copain m’envoie une ordonnance pour un test. Impossible d’avoir le laboratoire/drive pour obtenir un rendez-vous. Je vais sur doctolib. Je me crée un compte, prends rendez-vous. À la fin de l’opération, un message me prévient que demain une gynécologue spécialisée dans la fécondation in vitro m’attend. Ce n’est pas gagné. Je tente de passer par les labos privés, mais ils me raccrochent au nez.
Jeudi 15, Balaruc
Je me sens mieux ce matin, comme quand un rhume me chatouille sans s’installer, alors je renonce à me faire dépister et je me mets en quarantaine pour quelques jours. Nous sommes combien à ne pas aller au bout de la procédure pendant que les hypocondriaques encombrent les centres de tests ?
Je n’écris pas pour autant, je papillonne, produis de nouvelles stats qui peut-être se retrouveront dans tous les médias comme en ce moment avec mon graphique des jours passés au-dessus du seuil de 1 mort/million d’habitants, repris par la mission Macron dirigée par Didier, puis repris partout, graphique que j’ai élaboré en juillet en écrivant Vaincre les épidémies.
Un certain plaisir d’être dans l’ombre et de voir une ou deux de mes idées se propager sans être sourcées. Je n’ai pas besoin de les défendre, juste à savourer le phénomène de percolation.
Kronos ne m’emballe pas comme le Journal, mais lire ce simple inventaire suffit à me donner la saveur d’une vie, et que peut faire de mieux un auteur que donner sa vie à d’autres pour qu’elle ajoute à la leur d’autres expériences ? Je n’ai pas besoin d’avoir baisé comme un bonobo, Witold l’a fait pour moi. Mais je ponds des stats, j’écris du code, je blogue, je fais du vélo… autant de trucs inconnus de lui. En fait, avec mes trucs à moi, je suis franchement plus original. Parce que baiser, plus ou moins, ça reste baiser. Une société qui fait du sexe un must do s’est perdue en chemin. Le sexe, c’est comme respirer, c’est à côté de tout le reste, une chose parmi d’autres.
Des gens que j’estime persistent dans l’erreur au sujet du covid, jouant avec des stats foireuses, dangereuses, nauséabondes, peut-être pensent-ils de même de moi, mais je me tue à vérifier les données, et je ne suis pas seul, il a y aussi l’équipe des HUG qui creuse et avec qui je collabore. J’essaie de faire changer d’avis, j’explique, je relève les erreurs, mais c’est comme si je perdais mon temps, un jour plus tard le chiffre erroné ressort, la même personne campe sur ses positions, comme si admettre une erreur impliquait pour elle de se faire hara-kiri. C’est peut-être ce qui m’effraie le plus dans cette crise : les gens, leur refus de bouger, leur penchant pour l’obscurantisme sous le prétexte souvent qu’ils sont des progressistes. Leur mauvaise foi, leur envie de nuire.
Vendredi 15, Balaruc
Réveil à 4 heures. Je lis Kronos. Problèmes médicaux, relationnels, financiers et sexuels ponctuent ce listing, avec les voyages, les déplacements, qui creusent la mémoire, la réveillent, et aussi le travail sur les œuvres et leur réception. Toutes les vies alors se ressemblent, réduites à leurs fondamentaux. Ce texte n’aurait aucun intérêt s’il n’était pas de Gombrowicz contrairement aux autres œuvres de lui qui ne nécessitent pas de connaître sa vie. Mais pour lui, si sa maison avait brûlé, ce texte aurait dû être sauvé en priorité, parce qu’il est sa vie. Une simple chronologie. Des dates sur une pierre tombale.
Samedi 15, Balaruc
Une pluie terrible. Un vent de terre si fort que les vagues sont immenses à quelques mètres du rivage. Nous sommes devant le port sur un bateau. Mon père me montre les arbres arrachés, puis il m’indique l’avenue du port qui monte vers chez nous, envahie par l’eau, et il rigole. Je m’éloigne de lui, comme si la tempête avait coupé en deux le bateau, et alors qu’il devrait y avoir un bruit terrible, c’est le silence, et j’entends encore une fois mon père ébahi par le désastre, puis l’eau l’emporte, il se noie en d’horribles gargouillis, et je dérive impuissant vers chez moi, où je me réveille en sanglots. Il me disait qu’il rêvait tout le temps de son père et je rêve tout le temps de lui.
Kronos : de plus en plus de maux, le corps qui lâche peu à peu… L’érotisme chez Grombrowicz comme le vélo chez moi. Une dimension de l’existence, rien qu’une des infinies dimensions possibles… qui nous travaille tous, sans qu’elle n’ait jamais été très dominante dans ma vie.
Hier, un prof s’est fait décapiter parce qu’il avait montré les caricatures de Mahomet à ses élèves. Nous devrions tous montrer ces caricatures pour que plus personne en particulier ne soit la cible des obscurantistes. Mais déjà il y a la peur, parce le faire c’est s’exposer, et peu à peu la dictature s’installe. Je publie les caricatures sur mon Facebook, peu de gens les repostent. Oui, la peur, jusqu’à ce que suffisamment de personnes effectuent le pas, et alors ce sera un raz-de-marée, ou la peur l’emportera.
Mardi 20, Balaruc
Hier, en allant à Montpellier en voiture, un vertige, une instabilité, passagère. Je me dis que c’est la fatigue après la grosse journée de vélo de dimanche. Ça me reprend ce matin. Je reste tranquille, mais une sorte de tournis subsiste, accompagné d’un léger mal de tête. On dirait que j’ai bu. Un virus ? Dire que Kronos se termine en accumulation de maux, un déclin vers la mort. La sécheresse du ton rend la chute d’autant plus palpable. À un moment, mon journal aussi ne sera plus que le récit de déboires de santé. Alors, guetter ce moment, le sentir dans les mots avant les maux.
Les vertiges ne passent pas. Je consulte la jeune remplaçante de mon médecin. Elle me suggère de consulter aux urgences neurologiques à Montpellier. Quand j’arrive, la réceptionniste fume sa clope devant la porte tout en téléphonant. Pas de gel hydroalcoolique. Aucune précaution.
Durant le trajet, puis le bout de marche jusqu’aux urgences, je me suis senti mieux, mais les vertiges redoublent depuis que je suis sur mon écran dans la salle s’attente. Et si c’était les yeux ? J’ai l’impression que ma vue a soudain baissé. Et ma mère qui me dit qu’elle aussi a souvent des vertiges, et qu’elle s’y est habituée. J’ai bien le droit de jouer à l’hypocondriaque. Peut-être que je n’écris sur la médecine que pour cette raison.
Mercredi 21, Balaruc
Suis rentré à trois heures du matin de l’hôpital après IRM, électrocardiogramme, analyse sanguine… et rien, tout est nominal. Le neurologue en deux secondes m’a dit que je n’avais rien de grave, mais qu’il n’avait aucune idée de pourquoi ma tête tournait, sous-entendant que son boulot n’était pas les bobos, même s’ils empêchent de vivre. J’ai été confronté à cette médecine qui ne cherche qu’à sauver des vies et qui en oublie d’empêcher la survenue des maladies. Ma tête tourne moins, mais toujours un peu, je suis vidé. J’imagine que mon organisme combat un virus sournois, mais sans lien avec le covid. Autre hypothèse : la sortie gravel de dimanche nous a tant secoués que mon oreille interne à perdu le nord.
Jeudi 22, Balaruc
Vaincre les épidémies sort aujourd’hui, mais sans que j’en éprouve la moindre excitation. J’ai l’habitude des naufrages en librairie et des succès d’estime. L’histoire ne fait que se répéter pour moi et je ne continue d’écrire que pour moi. Ce livre m’a déjà apporté tout ce qu’il devait m’apporter : son écriture, cet engagement total, cette mobilisation de toutes mes capacités, dans une tension assez folle. À Didier de jouer, de courir les médias. J’observe, de loin, sachant que seuls les lecteurs font le succès d’un texte et que cette rencontre entre texte et lecteurs tient du miracle.
Vendredi 23, Balaruc
Samedi 24, Balaruc
C’est comme si personne n’avait lu Vaincre les épidémies. Les journalistes invitent Didier, mais n’utilisent pas le livre pour mieux comprendre aujourd’hui.
Je suis moins engagé dans mon journal, ou disons que je consacre mon énergie à sa partie cycliste, à mes récits de journées. Ces aventures modernes m’impliquent physiquement, émotionnellement, intellectuellement. Elles sont ma littérature, comme si mon chemin depuis toujours devait me mener là. Pour le moment, seuls les cyclistes lisent ces textes, mais ils me semblent qu’ils parlent d’un art de vivre dans un monde bouleversé.
Quand le journal ne parle que d’écriture il est à côté de lui-même. Je ne fais que ça, je suis incapable de regarder le monde sinon à travers le discours sur mon art. Je bugue, plutôt que d’œuvrer.
Dimanche 25, Balaruc
De retour d’un week-end gravel, je découvre un tweet insultant pour Didier. Tant que les gens débiteront des imbécillités et des mensonges parce que ça les soulage, le monde n’ira pas mieux.
Jeudi 29, Balaruc
Avec le retour explosif du covid, je me perds à nouveau dans les stats à la demande de Didier, et plus que dans les stats dans un bug du navigateur Chrome qui refuse d’imprimer proprement le document que je génère. C’est rageant. Je n’arrive pas à jeter l’éponge, ce n’est pas dans mon caractère. Et dehors une belle lumière pour célébrer notre monde bousculé après un nouvel attentat islamiste. Tout paraît sombre, mais si on en revient aux chiffres l’humanité n’a jamais vécu aussi pacifiquement. Les petits incendies ont pour vertu d’éviter les grands embrassements. Une théorie qui ne réussit pas à me faire sourire. Tim ne sait pas pourquoi il devrait travailler à l’école. Quelle jeunesse on leur offre ? Je comprends pourquoi nos enfants se réfugient dans les jeux vidéo. La réalité psychique n’est pas belle à voir, elle ne dessine rien de merveilleux, moi-même je m’enlise dans la vase, et le vélo m’en arrache, mais nous voilà de nouveau condamnés à tourner en rond à moins d’un kilomètre de chez nous.
Vendredi 30, Balaruc
Comme un pied de nez, le reconfinement commence par un temps splendide. Je devais être sur mon vélo pour une longue virée avec les copains.
Samedi 31, Balaruc
Impression de vivre dans un pays gouverné par des fous. Moi-même je deviens fou face à cette folie. Je me noie dans les statistiques comme je le ferais dans l’alcool si tel était mon penchant. Je me sens dépossédé de ma puissance à vivre. Je ne perçois que le mépris des gens qui me gouvernent et leur bêtise me terrasse.
Je roule dans la nuit, la lune se lève sur les collines puis, au col, elle se reflète sur la mer. Un mulot court sur le chemin où je roule depuis mon enfance, mais je ne reconnais rien. Dans le silence, un bruit sur ma gauche, quatre sangliers me coupent la route et disparaissent.