Cette édition du 727 a été dure, très dure, avec le samedi une tempête d’ouest qui n’a cessé ne nous freiner, une première nuit pluvieuse et toujours venteuse, un dimanche humide, avec un vent du nord glacial, alors que nous même progressions désormais vers le nord. Les chemins étaient gras, glissants, des arbres s’étaient couchés pour nous compliquer la tâche. Plus de la moitié des participants ont abandonné durant ces deux premières journées.
Je n’ai jamais été aussi fatigué en atteignant le dimanche soir les refuges du lac de Vézole, après une bataille constante contre les éléments et les terrains rendus difficiles. Le lundi matin sur les hauteurs de l’Espinouse, il faisait froid, brumeux, toujours venteux, mais peu à peu le ciel s’est éclairci, jusqu’à ce que, déjà bien entamés, nous atteignons la forêt d’Escandorgue, où la nécessité de porter les vélos pour franchir de nombreux obstacles, certains dressés par des randonneurs jaloux, ne nous achève.
Le mardi matin, le froid figeait le Larzac sous un ciel pur. La fatigue accumulée ne rendait pas la progression facile, mais nous avions le sourire, parce que le plus dur était derrière nous, même si une fois de plus la descente vers la vallée de la Buèges nous a donné le vertige. La source était toujours aussi claire, puis très vite la rivière s’est cachée. Je n’ai jamais vu son cours aussi desséché. Le soir, après Montoulieu, il était tentant de pousser dans la nuit pour regagner l’arrivée au matin, mais nous avons préféré dormir dans la chapelle Notre-Dame du Monnier et nous laisser une dernière occasion de profiter des paysages de l’Hérault.
Nous avons bien fait. La dernière journée a été limpide et calme, malgré une entame une fois de plus glaciale. Nous avons gagné le bord de mer sans cesser de nous marrer comme depuis la première minute du 727. Nous avons achevé nos jambes en franchissant la Gardiole avant de plonger sur Poussan en fin d’après-midi. Nous avons retrouvé d’autres aventuriers, bu un verre avec eux, revivant nos expériences et échangeant des anecdotes qui en l’affaire de cinq jours nous ont transformés en compagnons de route.
J’étais heureux de nous voir heureux.
L’organisation
Magnifique d’avoir organisé cette troisième édition avec l’Entente Cycliste Poussannaise, le concours de la Mairie de Poussan et du Grand Café Beau Séjour. À pérenniser. Il y avait une ambiance de fête, tant la veille du départ, le jour du départ que lors de nos arrivées successives (avec en prime une douche chaude au stade).
Début avril, c’est trop tôt
Pour diminuer les risques des aléas météo, je décalerai à l’avenir le 727 au week-end de l’Ascension (l’année prochaine ce sera un i727 — la trace actuelle inaugurée en 2021 sera remaniée). En attendant, rendez-vous le 23 septembre pour le premier g727 (ne roulez pas cette trace avant, c’est un prototype).
Le devoir d’assistance
Si dans de nombreuses épreuves d’endurance, les concurrents n’ont pas le droit de s’entraider, je n’ai cessé de défendre un principe inverse sur le 727. Il ne s’agit pas d’une course, mais d’une randonnée avant tout destinée à créer du lien entre un territoire et des participants (et non des concurrents). Il n’est pas acceptable de laisser un partenaire d’aventure sur le carreau après un ennui mécanique, puis de pavoiser en finisher. L’entraide ne fonctionne pas à sens unique.
Le parcours
La qualité d’une trace ne se juge que quand elle est jouée de bout en bout. Je me suis parfois maudit moi-même pour certaines variantes introduites cette année. Le passage par la magnifique cascade au-dessus de Labastide-Rouairoux, que je vais m’empresser de supprimer, tout comme la traversée de la forêt d’Estandorgue par le PR et le suivi de la Lergue avec les portillons avec fils barbelés. Après avoir été maltraités par la météo, les portages me sont apparus superfétatoires. Je garderai cette option en variante hardcore.
VTT
Des participants, pourtant expérimentés, finishers de la French Divide, ont jugé le parcours vraiment difficile. Je n’ai jamais caché que le 727 était un parcours VTT. Certains avaient prévu de l’effectuer en trois jours, ils l’ont effectué en quatre, d’autres en quatre et l’ont effectué en cinq, et ainsi de suite. Personne à ma connaissance n’a osé enchaîner avec un i727, et boucler pour la première fois un x727.
La sécurité
Nous avons évité de peu un drame lors de la traversée de la D34 après Boisseron. Je vais m’empresser de modifier la trace à cette hauteur. En fin de parcours, la fatigue entraîne un manque de vigilance qui peut être fatal.
Géogram
Beaucoup de participants ont joué le jeu de la géolocalisation. L’application nous a permis de nous retrouver et de nous entraider. Je vais continuer de l’améliorer et, pourquoi pas, la proposer à d’autres organisateurs d’évènements.
Grand merci
C’était beau grâce à vous tous. Merci à l’ECP, à la mairie de Poussan, à l’équipe du café, à tous les participants venus des quatre coins de France, de Belgique et de Suisse, mention spéciale pour mes compagnons de route qui n’ont jamais perdu le sourire ni le sens de l’humour, même aux pires moments.
Pour moi le bikepacking reste une aventure humaine plus que cycliste, c’est l’occasion de faire corps avec un territoire et des compagnons d’aventure.
À très bientôt les copains.¶