Mercredi 1er, Balaruc

Les réseaux sociaux ne supportent pas le vide, le silence, l’absence, encore moins la sagesse. Il faudrait un réseau des absents, des silencieux.


Fascinante animation qui montre l’apparition et l’évolution des plus grandes villes.


Quand Pierre m’a demandé ce qui était de moi ou des IA dans Le Code Houellebecq, j’aurais du lui demander de poser la même question à ses autres auteurs. Qu’est-ce qui, dans leurs livres, aurait pu être écrit par une IA ? Qu’est-ce qui est radicalement neuf et inimitable ? Qu’est ce qui n’est pas juste balzacien ?

Soir
Soir
Matin
Matin
Gardiole
Gardiole

Jeudi 2, Balaruc

Dans Le Spleen de Paris, même quand Baudelaire parle du plaisir des bains de foule, j’entends un chant moribond, venu d’une époque puante et vétuste. Alors qu’un siècle plus tôt la lumière brille chez Rousseau. Tout ça pour dire que ce n’est pas une question d’époque, mais de perspective. Mon journal oscille entre la lumière et la déprime, à l’image de ma vie.

« Vauvenargues dit que dans les jardins publics il est des allées hantées principalement par l’ambition déçue, par les inventeurs malheureux, par les gloires avortées, par les cœurs brisés, par toutes ces âmes tumultueuses et fermées, en qui grondent encore les derniers soupirs d’un orage, et qui reculent loin du regard insolent des joyeux et des oisifs. Ces retraites ombreuses sont les rendez-vous des éclopés de la vie. » Un texte qui me fout les jetons.

Toujours Baudelaire, dans Le vieux saltimbanque : « Sa destinée était faite. » Pente tentatrice, que je refuse avec force. Je ne crois en aucune fatalité. Mais parfois, je manque d’énergie pour lutter contre, surtout quand la veille au soir, pour calmer ma toux, je prends un antihistaminique qui me plonge dans un sommeil dont j’ai du mal à m’extirper tout au long de la journée. « Je viens de voir l’image du vieil homme de lettres qui a survécu à la génération dont il fut le brillant amuseur ; du vieux poète sans amis, sans famille, sans enfants, dégradé par sa misère et par l’ingratitude publique, et dans la baraque de qui le monde oublieux ne veut plus entrer ! »


Un livre réellement écrit par une IA, avec un peu d’édition derrière, est sans doute beaucoup plus facile à publier qu’un livre écrit par un humain augmenté par une IA pour produire un texte inattendu. C’est tout le paradoxe. Cachez-vous. Ne parlez pas d’IA. Tout ira bien.


La violence est injustifiable. Répondre à la violence par la violence est donc injustifiable, en plus d’être un aveu d’impuissance. Invoquer l’Histoire pour légitimer la violence revient à se chercher des excuses. Pourquoi ne peut-on invoquer l’histoire ? Si je remonte d’un an dans le passé, pourquoi pas d’un an de plus, et encore d’un an de plus. Où s’arrêter ? Sinon, où ça arrange les uns et pas les autres. Si on remonte, on finit avant l’apparition de l’homme. Aucune terre n’appartient historiquement à personne. Les conflits doivent donc se régler entre les vivants sans invoquer les morts. Une seule question d’importance : comment fait-on pour vivre en paix, ici, maintenant et demain ?

Vendredi 3, Balaruc

Je dois me donner un coup de pied au cul pour sortir pédaler. Difficile de passer de l’été à l’automne. Dès que je monte en tour, je tousse. Je n’avance pas. On dirait que je n’ai pas fait de vélo depuis des mois. Mais c’est toujours mieux que de regarder mon écran et me poser des questions sans réponse. Est-ce que le monde est superficiel parce que la plupart des posts sociaux sont superficiels ? Ou est-ce que les réseaux sociaux, comme la TV en son temps, colorent notre perception du monde ?


Envie de revenir à mon space opera, de m’amuser à créer un univers, avec la possibilité de multiples histoires à l’intérieur. Les livres qui m’ont le plus captivé étaient des livres-univers. Bien sûr, des livres d’un tout autre genre, notamment réaliste, m’ont illuminé, transformé, aidé tout au long de ma vie, mais bien rarement ils m’ont diverti. Si j’arrivais à divertir quelques lecteurs, je serais déjà heureux.

Matin
Matin

Samedi 4, Balaruc

Je suis hyperactif. Ne rien faire me met en panique.

Lundi 6, Balaruc

Une vague idée se forme. Reprendre mon space opera sur un nouveau mode. Créer une lettre Substack hebdomadaire, avec la première partie gratuite et un chapitre du space opera, la seconde payante avec des explications sur comment j’ai utilisé les IA pour écrire ce chapitre. À chaque chapitre, introduire de nouveaux éléments narratifs et techniques.

Mardi 7, Balaruc

Mon amie Lilas Seewald sera mon agente littéraire pour Le Code Houellebecq. On a déjà collaboré sur pas mal de mes bouquins.

Mercredi 8, Balaruc

Il est 18h55, je n’avais pas encore touché mon ordinateur aujourd’hui. J’ai passé la matinée à planter des rampantes de Filippi pour tenter de peupler mon avant-terrasse, qui durant l’été ressemble à un terrain de pétanque. Puis, grande balade à vélo dans les oliveraies de Marseillan.

Marseillan
Marseillan
Marseillan
Marseillan
Sète
Sète

Jeudi 9, Balaruc

Parfois, je me sens moins seul quand je découvre quelqu’un qui partage mes idées. Cette fois, Yanis Varoufakis, ancien ministre Grec de l’Économie. Dans son nouveau livre Technofeudalism, il explique que nous avons quitté l’économie de marché pour un féodalisme numérique, dont nous serions les serfs, abreuvant sans cesse les plateformes de notre travail, sans en retirer le moindre bénéfice. Je me suis longtemps époumoné sur ces sujets, avant de me taire : une fois une pensée clairement établie, je n’éprouve plus la moindre envie de la rabâcher. Je n’ai rien d’un prédicateur. J’écris pour comprendre et j’arrête quand je crois avoir compris. Le romanesque est devenu la seule forme qui me convient, parce qu’il ne s’agit que de raconter. Et chacun comprend ce qu’il veut.

Vendredi 10, Balaruc

Je teste les nouvelles fonctions de ChatGPT Plus, notamment l’upload de fichiers. L’analyse de mon Épicènes est médiocre. J’ai le plus grand mal à résumer le roman. À extraire des phrases clés. L’IA se fixe sur les détails, oublie les généralités. Je suis l’auteur, je vois les erreurs, mais dire que tout le monde utilisera ChatGPT pour ce genre de tâches à l’avenir. C’est un peu effrayant. Après une heure de bataille, avec des fragments pêchés au fil des réponses, j’obtiens un texte de quatrième de couverture qui m’a donné plus de mal que si je l’avais écrit seul.

« On leur avait ordonné de se tuer, ils répondaient par l’amour. » Épicènes : une odyssée intemporelle à la frontière du réel et de l’imaginaire. Ce roman initiatique explore avec poésie la fluidité des genres et des identités. Il célèbre la liberté à travers six intrigues entremêlées qui conduisent en différents lieux, différentes époques, différents moments de la vie.

L’analyse de Claude est beaucoup plus pertinente, prend en compte la totalité du texte. L’IA extrait sans problème dix points clés, puis produit un résumé de meilleure tenue.

Fruit de fusions amoureuses, les épicènes sont des êtres mi-homme mi-femme, d’une beauté et d’une intelligence hors norme. Mais leur différence sème la peur et attise les haines. Traqués, ils mènent une existence d’errance. Certains les aident, d’autres les pourchassent impitoyablement. À travers le destin des épicènes, Thierry Crouzet interroge notre rapport à la différence et notre quête de l’autre. Il nous confronte à l’effroi que suscite la beauté lorsqu’elle surgit face à nous. Épicène est un roman sur notre incapacité à accueillir l’étranger, fusse-t-il un ange.

Je reviens à ChatGPT et lui demande de générer des couvertures. Il oublie sans cesse le texte, produit des couvertures sans aucun rapport et finalement rien de très satisfaisant.

Épicènes
Épicènes

Mais quand je renouvelle l’exercice complet avec Le Code Houellebecq, il produit un résumé cohérent, puis des images de l’héroïne qui finissent assez vite par exprimer son caractère et sa nature artificielle.

Zola
Zola
Zola
Zola
Zola
Zola
Zola
Zola
Zola
Zola
Zola
Zola

Samedi 11, Balaruc

Je suis en train de créer ma première application ChatGPT. Je compte en créer plusieurs d’ici la fin du mois et les distribuer sur le store Open AI dès son ouverture.

Lundi 13, Balaruc

J’ai créé une appli ChatGPT pour discuter avec mon journal. Ça fonctionne mal, mais je devine des potentialités vertigineuses.

Soir
Soir
Soir
Soir

Mardi 14, Balaruc

Je crée une appli Arthur Rimbaud. Son œuvre est courte et se prête à l’exercice.


Je pousse Lilas à se presser sur le Code Houellebecq. Je la stresse pour rien ; elle n’a pas que moi à gérer. Mon rythme est-il irrémédiablement incompatible avec celui du monde de l’édition ? Les IA avancent à la vitesse de la lumière et j’ai l’impression qu’un élastique me retient dans les starting-blocks.


Pour promouvoir un roman, créer une app avec le texte. Offrir aux lecteurs la possibilité de discuter avec les personnages principaux.

Matin
Matin
Sète
Sète
Vic
Vic
Frontignan
Frontignan

Mercredi 15, Balaruc

En France, personne ne semble comprendre ce qui se joue pour la littérature, l’art, sans parler des autres domaines. Mon bricolage avec mon appli Thierry Crouzet devrait ébouriffer le cerveau, et excepté Olivier Auber, personne ne réagit, sinon avec des sourires. Ce n’est pas une blague, cette affaire. Nous changeons de point de bascule et vous fermez les yeux. Ça m’enrage. J’ai l’impression de vivre dans un pays tourné vers le passé, incapable de se projeter vers l’avenir, incapable de lire dans une prémisse imprécise ce qui s’apprête à devenir énorme. J’ai toujours été à cet endroit où on se sent inévitablement seul quand on habite chez les Gaulois. Isa me dit que les jeunes ne me suivent pas. Ceux qui pourraient comprendre mes projets seraient ailleurs. Mais non, j’éprouvais la même sensation il y a plus de trente ans quand je bricolais des macros littéraires.

Hier, j’ai échangé avec François Bon au sujet du pacte romanesque, dont il s’est détourné, à juste titre, parce que ce pacte a été signé il y a si longtemps qu’il ne nous apporte plus grand-chose de neuf. Si Le Code Houellebecq obéit au pacte avec une rigueur sans faille, c’est parce que les IA ramènent à une moyenne statistique. Adhérer au pacte était la contrainte, une façon de le dénoncer pour mieux démontrer de quoi sont capables les IA actuelles.

Je suis frustré. Frustré que mes contemporains ne comprennent pas ce qui se joue. Je suis triste pour eux, triste aussi parce qu’ils me replongent dans le monde duquel je tente d’échapper. Je me fiche qu’ils ne me comprennent pas, je m’y suis habitué depuis longtemps, mais qu’ils passent à côté de leur épopée fait que moi-même m’y sens toujours aussi seul. C’est mon destin. Je n’arrive pas à l’admettre. J’ai toujours le rêve secret d’un âge d’or. Il m’aura pourri la vie. J’aurais mieux fait d’être un décadent, de me contenter de gagner de la tune et de la dilapider en activités futiles. Je me dis que le capitaliste éprouve plus de satisfactions que moi.

OK, mon appli ne me ressemble pas, mais demain, avec les nouvelles versions de ChatGPT, elle sera de plus en plus moi-même, de plus en plus bluffante et troublante. Vous ne le comprenez pas ? Vous ne voulez pas y croire ? Vous donnerez les œuvres d’un auteur à ces systèmes et ils les réinventeront à l’infini. Il ne s’agira même plus de livres, mais d’expériences interactives, de jeux de rôle visuels, sonores, spatiaux. Vous entrerez dans des imaginaires, des personnages, des aventures.

Tel livre de tel auteur n’aura plus la moindre importance. L’ensemble de sa production sera malaxée pour définir une architecture de pensée. Pour réinventer une conscience, un univers, avec lequel il sera possible d’interagir à l’infini. Il sera possible de mixer des auteurs et des œuvres. Les formes ne seront plus fermées, mais se transformeront en vecteurs de possible.

Écrire aujourd’hui ne devrait plus être que de la vectorisation. Poser des briques côte à côte, sans chercher à construire le mur, la maison, le palais ou la ville. La littérature s’apprête à devenir un jeu de Lego. Mon journal a déjà cette vocation. Chaque entrée est un potentiel à développer. On pourrait avec construire une cathédrale ou une grotte.

Concevoir une œuvre contemporaine est quasi inimaginable. Les apparatchiks littéraires distribuent encore des prix à des œuvres qui auraient pu être écrites il y a un siècle. Ils osent parler de modernité. User de superlatifs pour de vulgaires rabâchages. Mais les œuvres d’aujourd’hui leur échappent, ils sont même incapables de les voir. Comment pourraient-ils saisir la force des vecteurs, qui ne se déplieront que dans les machines de demain, dont je devine toutefois la puissance éblouissante et un peu inquiétante.

La peur traverse la société. Alors elle se réfugie dans les valeurs et les haines anciennes. Antisémitisme rime avec pacte romanesque. Je ne fais aucun amalgame. Quand les gens ont peur, ils leur faut des ennemis et des choses très concrètes, qu’ils comprennent très bien. Tel aura été le génie de Houellebecq. Il n’est pas un novateur, mais un capitaliste, qui a saisi le potentiel commercial d’une époque. Il a créé des romans ultras classiques pour répondre à la peur et la mettre en exergue. Pendant ce temps, je tentais de vivre dans une société qui se refusait à naître. Il m’est difficile d’admettre que les conservateurs l’emportent. Est-ce réellement nouveau ? Sans doute pas, sauf que je rêve d’une autre mécanique sociale.

Soir
Soir

Je suis en train de créer une app pour illustrer des textes. Quand je lui donne « Il faut être absolument moderne. », elle produit une image contrastée. Je la publie sur Facebook sans dire que la phrase est de Baudelaire, et les commentaires m’étonnent davantage que l’image elle-même. Un front anti-IA est en gestation. Dans Le Code Houellebecq, je ne me suis pas trompé en imaginant l’émergence du parti humaniste. Je repense souvent au roman, sans y regarder, je me dis que le personnage de l’éditeur devrait être plus infect, un ambitieux prêt à tout pour réussir. Voilà ce qui nous menace avec les IA, qu’elles soient utilisées par des cinglés.

DALL-E
DALL-E

Jeudi 16, Balaruc

Magnifique sortie VTT dans une zone peu familière et, dans un passage technique et très pentu, je me heurte à une pierre cachée par une touffe d’herbe et pars en soleil. Par chance, je tombe sur de la terre meuble et m’en sors avec juste mal partout.

Aspiran
Aspiran
Vissou
Vissou
Vissou
Vissou
Les Crozes
Les Crozes
Fontès
Fontès

Vendredi 17, Balaruc

Une idée émerge. J’ai émis l’idée de discuter avec moi-même à travers mon app GPT pour voir comment les choses évoluent dans le temps. Erika rebondit et propose de me poser les questions, que je réponde, puis que ChatGPT réponde, puis qu’elle-même effectue une méta-analyse, avant de reposer de nouvelles questions. J’adore. On envisage de créer une newsletter hebdomadaire pour les fans d’IA et de littérature, c’est-à-dire nous, plus une poignée d’autres.

Samedi 18, Balaruc

Première news lue ce matin. Sam Altman et Greg Brockman, les cofondateurs d’OpenAI se font virer par le bord de leur société (quatre personnes en plus d’eux). Je ne suis pas triste pour eux, mais pour le monde capitaliste, un monde où on arrache les bébés des mains de leurs parents, un monde où on a viré Steve Jobs, où l’argent est plus important que la folie créative, inconstante, imprévisible… mais si ces gars étaient normaux, ils n’auraient pas lancé des projets fous. C’est juste à vomir. C’est la même chose quand des colons chassent les autochtones de chez eux. Pousser dehors est immonde. Pousser dehors les différents, les vieux, les peu importe.


Je vis dans un pays de gronchons réactionnaires. Je m’amuse à créer un GPT pour discuter de mes traces 727 et on me dit que ça ne colle pas avec le bikepacking, une activité de nature. Je ne sais pas si je dois rire ou pleurer. J’ai surtout envie d’insulter ces imbéciles. Parce que nous roulons dans la nature avec des vélos qui n’ont rien de naturel, des GPS qui nécessitent des satellites, des ordinateurs, des systèmes de cartographie… Le bikepacking est une activité hautement technologique. Il est né avec les GPS, d’ailleurs, puisque le but est de suivre une trace le plus légèrement possible (et donc sans emporter une valise de cartes, qui ne montrent même pas la plupart des chemins où nous roulons).


Hubert balance un tweet d’Andrew Feeney vieux d’un an : « @kevlin @cwebber described ChatGPT as Mansplaining As A Service, and honestly I can’t think of a better description. A service that instantly generates vaguely plausible sounding yet totally fabricated and baseless lectures in an instant with unflagging confidence in its own correctness on any topic, without concern, regard or even awareness of the level of expertise of its audience. »

Un service vague ? Mais alors pourquoi quand on lui demande du code il fonctionne ? C’est loin d’être vague, ça peut-être très pertinent, ou très inspirant, ou totalement nul, mais comme ce message ci-dessus, j’ai presque envie de dire ni plus ni moins.

Campagnan
Campagnan
Soir
Soir
Soir
Soir

Dimanche 19, Balaruc

C’est toujours le printemps, avec en prime l’éblouissement du soleil bas, et la moindre parcelle du paysage se teinte d’ambre, le bleu s’approfondit.


Je viens crée une site pour présenter mes GPTs.


La connerie absolue (je ne vais pas jusqu’à dire « ultime ») : utiliser son téléphone et les réseaux sociaux pour se plaindre de l’omniprésence de la technologie. Insupportables connards. Plus même envie de vous répondre. Vous êtes incapables d’accorder vos actes et vos idées. Vos vies doivent être misérables.

Soir
Soir
Soir
Soir
Soir
Soir

Lundi 20, Balaruc

Soir
Soir

Mardi 21, Balaruc

Grande discussion avec Lilas sur Le Code Houellebecq. Avant de le soumettre aux éditeurs, elle me suggère une modification assez profonde, qui consiste à entrelacer mes deux parties de telle façon que le récit soit chronologique. C’était mon idée initiale. Pourquoi ne pas essayer, voir ce que ça donne ? Je me mets immédiatement au travail. Je ne tiens jamais un texte pour définitif. J’aime écrire. Dès que je trouve une raison d’écrire, je suis heureux. Je vais juste devoir lever le pied sur mes expérimentations avec les IA durant quelques jours.

Samedi 25, Maillardou

Incroyable. Depuis mardi, je n’ai pas touché mes vélos et je n’ai pas cessé d’écrire. Entrelacer mes deux narrations a engendré un Code Houellebecq totalement neuf. La fiction devient le sujet de la fiction, elle se mêle au réel, le texte me paraît plus puissant, en même temps moins énigmatique. Je suis content de moi, je le note, pour ne pas oublier ce sentiment que personne ne me volera jamais, même si très vite, je risque fort de retomber au fond du trou.

Je suis une machine à écrire. Il suffit de me donner un os à ronger et je ne m’arrête plus. Je ne peux que remercier Lilas de m’avoir offert ces quelques jours de fièvre créative. J’ai presque envie de dire : qu’importe si aucun éditeur ne veut du texte, moi, un moment de novembre 2023, je l’aurai trouvé génial (et foutrement intrigant, car je doute d’avoir démêlé tous les entrelacements). Je crois qu’il aura le pouvoir de mettre quelques cerveaux en ébullition. C’est un hommage à Faust, à Frankenstein, et à Don Quichotte pour la métatextualité. J’aime particulièrement le point quatre de mon nouvel exergue, placé en amont du roman, donc hors du roman, mais où je glisse une référence à un élément du roman, façon d’entrelacer fiction et réel un peu plus.


Dans les Alpes-Maritimes, un marquis privatise 700 ha de forêt. Tout simplement odieux, d’autant que ce gars a dû hériter de la vieille noblesse. À sa place, je me serais fait tout petit. J’espère que sa forêt ne partira pas en fumée l’été prochain.

Dimanche 26, Balaruc

Au dernier moment, avant d’envoyer le texte à Lilas, j’ai l’idée de placer à la fin du roman une définition qui répond aux deux placées au début. De cette façon, l’édifice est parfaitement symétrique : dictionnaire, prélude, partie 1, partie 2, épilogue, dictionnaire. Des petits détails auxquels j’attache de l’importance.

Penne-d’Agenais
Penne-d’Agenais
Moissac
Moissac

Lundi 27, Balaruc

Je renvoie à Lilas la présentation du roman mise à jour et je me sens obligé de préciser dans le mail que je l’ai écrite moi-même, que ce n’est pas l’œuvre d’une IA, même si j’ai utilisé les IA pour me chuchoter des idées. Devons-nous prendre cette nouvelle habitude ? Nos messageries comporteront-elles bientôt un bouton pour certifier la nature biologique de nos mails ?

Mardi 28, Balaruc

Journée passée à développer une API de comparaison de textes pour mon correcteur ChatGPT. Je suis émerveillé par les outils créés ces vingt dernières années. Il paraît que pour bien vieillir, il faut apprendre une nouvelle langue. J’en apprends au moins une dizaine en même temps.

Jeudi 30, Balaruc

Mon API fonctionne à merveille, mais ChatGPT est incapable de lui envoyer des blocs de plus de mille signes, ce qui est sans intérêt. Tout ce travail juste pour me faire griller les neurones. J’en reviens à une solution plus contraignante, guère éloignée de celle qui m’accompagnait durant l’écriture du Code Houellebecq (le manuscrit étant toujours au chaud, loin des éditeurs — cette précision comme si l’un d’eux pouvait passer par ici, ce qui bien sûr est d’une impossibilité absolu).