Dardagny

Vendredi 1er, Balaruc

Je commence le mois dans l’euphorie de lancer Daylog. Personne n’en verra l’intérêt, mais je n’ai aucun doute de l’importance de la chose, comme une démonstration de l’irrésistible avancement du monde à vitesse supersonique.

Dimanche 3, Balaruc

Sur Daylog, plus je raffine le code, plus j’obtiens des résultats impressionnants. Dans la newsletter qui sera publiée demain, le modèle me cite et établit des liens entre les articles et mon journal d’une manière bluffante. Les connexions témoignent d’une forme indéniable de créativité.

Lundi 4, Balaruc

Comment prendre conscience d’une année de vie en un instant ? Eliness publie une matrice de 365 photos. Un choc visuel, une sensation du temps qui s’écoule, la perception d’un regard, d’une façon d’aborder le monde, tout semble dit avec une économie de moyen remarquable. Envie de faire la même chose. Les œuvres puissantes ont toujours un effet stimulant sur moi.

Lecture web
Lecture web
Détail du quotidien
Détail du quotidien

Mardi 5, Balaruc

Je ne comprends pas comment on peut être lobbyiste contre le réchauffement climatique et pour les pesticides, les plastiques, les énergies non renouvelables. Ces criminels, et leurs employeurs avec eux, se regardent-ils dans la glace tous les matins ? Ont-ils une colonne vertébrale ? Il faudra qu’un jour ils soient jugés devant le tribunal de l’Histoire. En attendant, ils œuvrent à Bruxelles et ailleurs en toute impunité. On parle d’eux à la radio comme s’ils étaient des gens normaux alors qu’ils sont des terroristes et des assassins. Chaque époque s’arrange pour ne pas regarder ses monstres dans les yeux. Un temps, on acceptait les antisémites, un autre, on accepte les lobbyistes. L’existence des uns et des autres mène également à des tragédies.


J’ai besoin d’écrire et de créer parce que je ne me sens jamais aussi bien que quand je suis dans le flow et que mon cerveau travaille presque sans que je le contrôle.


Je ne connais pas Joanne Richoux, mais j’aime sa mise au point adressée à ses lecteurs : « Vous n’êtes pas mes clients et quand j’écris, je ne me plie pas à un cahier des charges qui condenserait vos habitudes ou vos désirs, parce que quand j’écris je ne pense pas à vous, je pense au texte et à ce qu’il doit dire. » Il y a les IA pour traiter les lecteurs en client.

Montpellier
Montpellier
Détail du quotidien
Détail du quotidien

Mercredi 6, Balaruc

Daylog est une œuvre générative, en ce sens qu’elle procède d’un code et ne s’arrête qu’une fois que l’infrastructure qui la met en œuvre s’arrête. Tout en discutant avec Erika cet après-midi, j’ai imaginé une IA qui raconterait une histoire à partir d’une trace GPX. Elle pourrait parler des lieux traversés, des chemins et des routes.

Jeudi 7, Balaruc

Surexcité par les idées qui jaillissent de partout et qui s’empilent dans ma tête. Je dors peu, trop peu. Mais m’impose de copieuses fenêtres vélo, sans quoi je replongerai comme au bon vieux temps dans les excès numériques.

Détail du quotidien
Détail du quotidien
La Tour sur Orb
La Tour sur Orb
Bédarieux
Bédarieux
Les copains
Les copains
Salagou
Salagou

Vendredi 8, Balaruc

Andrew Perfors questionne le rôle des IA dans la perspective de Walter Benjamin (hypothèse selon laquelle la chaîne de transmission d’une information ou d’une œuvre la transforme — et peut-être l’altère — entendu, pour le pire plutôt que le meilleur). Exemple : une œuvre musicale ne serait jamais aussi puissante que quand elle est interprétée en direct.

Est-ce que j’apprécie différemment une lettre manuscrite du même texte envoyé par email ? Oui, mais je ne juge pas la lettre manuscrite comme plus puissante au prétexte qu’elle serait plus authentique qu’un email, car plus proche physiquement de son émetteur. Je la perçois différemment parce que je lis très mal les textes manuscrits. Donc, pour ma part, je préfère toujours lire un email qu’une lettre manuscrite. La médiation change mon expérience, mais pas nécessairement pour altérer l’œuvre initiale, et la priver de son authenticité.

Je ne crois pas davantage qu’ajouter des intermédiaires entre le producteur et le consommateur décontextualise une œuvre. Peu importe comment je lis Proust, ça reste du Proust, bien que certaines éditions impliquent beaucoup d’intermédiaires. La distance en termes d’intermédiaires ne me paraît pas nécessairement altérer la nature des œuvres, surtout des œuvres textuelles.

Contrairement à ce que suppose Andrew Perfors à la suite de Benjamin, je ne suis pas certain qu’un processus de création indirect altère nécessairement le geste créatif. Parce qu’alors tout outil serait mauvais pour la création, et ce n’est pas le cas : la photographie a été, un temps, mauvaise pour les peintres, mais jamais mauvaise pour les photographes.

L’IA serait un nouvel intermédiaire entre le créateur et son œuvre, mais davantage que mes lunettes, mon clavier, mon éditeur de texte ? Je ne crée jamais tout seul. J’écris par l’intermédiaire des auteurs déjà lus, influencé par ma dernière conversation ou le dernier film vu. L’IA ne joue pas un rôle différent, du moment que je ne me transforme pas en simple copiste de ses états d’âme.

"You are now alienated from your own creation in a really profound way." Non, franchement, je ne crois pas. Mes propres créations n’ont jamais été tout à fait les miennes. Je n’ai jamais cru à cette fable, et il faut y avoir cru pour penser que les IA changent fondamentalement la donne en ce domaine. Au contraire, leur arrivée nous ouvre les yeux sur ce qui a toujours été et que nous avons voulu nier à cause, sans doute, d’une vision romantique du génie solitaire.

Samedi 9, Balaruc

Je continue avec Andrew Perfors. Comme il suppose qu’il a toujours une intention derrière une œuvre, et une intention derrière chacun de ses détails, il voit dans les œuvres IA une diminution de cette intentionnalité.

Je peux déjà questionner son hypothèse d’une intentionnalité, moi qui écrit souvent porté par le flow sans trop savoir où je vais et sans effectuer le moindre travail réflexif. Il y a bien sûr au minimum une envie, une curiosité, mais pas toujours une intention. Par exemple, avec Daylog je n’ai pas d’intention particulière, ou alors mon intention est de voir ce qu’un combo homme/ia peut produire. Alors, oui, de cette façon, on peut mettre de l’intentionnalité derrière le moindre désir.

Mais dire qu’il y a moins d’intentionnalité dans une œuvre co-créée avec IA, j’ai quelques doutes. Avec Daylog, mon intentionnalité est dans le code, elle y est même décomposée ligne à ligne avec une minutie maniaque.

Le problème selon Andrew Perfors, c’est que peu de gens seraient aussi maniaques que moi (c’est fort possible), et donc diffuseraient des œuvres non surchargées d’intentionnalité. Il n’a pas tort, mais de nombreuses œuvres fort populaires ne contiennent déjà pas beaucoup d’intentionnalité ; les IA ne font que nous approcher un peu plus près du degré zéro de l’art.

"Using AI in a way that gives it real meaning is almost always more work than not using it at all. Which means that when we rely on AI to create because it’s easier or faster or beyond our skill level, we are robbing ourselves of the most of the purpose behind creation and skill development."

Là, nous arrivons à la même conclusion. Je n’ai jamais utilisé les IA pour aller plus vite, mais pour aller ailleurs. Bien souvent, elles me coûtent plus de temps que l’ancienne méthode directe.

Par la suite, Andrew Perfors affirme que l’intervention des IA dans le processus créatif priverait les œuvres d’une signification profonde. Je n’ai guère compris son concept de Deep Meaning : quand l’intentionnalité de l’écrivain rencontre la perception du lecteur et que les deux entrent en résonance. Les IA empêcheraient l’écho de nous revenir. Tout cela me paraît très mystique. Il est question de perversion de quelque chose de sacré.

Stop. Ça déraille. Si j’utilise les IA pour m’augmenter, je ne me coupe pas de mon audience imaginaire. Je peux utiliser les IA et continuer de m’adresser à des lecteurs humains, qui j’espère seront touchés par ce que je leur propose, plus que par le processus éditorial menant à ce que je leur propose.

Dimanche 10, Croix de Rozon

Un jour de 2006 au Canada, Geneviève tombe sur Le peuple des connecteurs. Elle m’appelle, puis souvent m’invite en Suisse pour donner des conférences. En 2012, elle me présente Didier et j’écris sur lui Le geste qui sauve. En 2015, nous voyageons en Iran pour la promotion de l’hygiène des mains. On me donne pour interprète Nassim, une jeune étudiante en médecine, éprise de liberté. Nous sympathisons, difficile de ne pas succomber à Nassim, et je la présente à Didier. En 2017, nous retournons en Iran, retrouvons Nassim qui entre temps s’est fiancée, parce que là-bas pour une jeune femme il est quasi impossible de rester célibataire. Mais Nassim toujours éprise de liberté ne songe qu’à fuir le pays, comme la plupart des jeunes iraniens éduqués de sa génération. Didier se démène pour lui trouver une bourse de recherche à Genève, où elle arrive finalement en 2021. Ce soir, nous voilà tous réunis. Une belle histoire qui aurait été impossible sans quelques-uns de mes livres.

Lundi 11, Croix de Rozon

Camus, discours de 14 décembre 1957 : « Un sage oriental demandait toujours, dans ses prières, que la divinité voulût bien lui épargner de vivre une époque intéressante. Comme nous ne sommes pas sages, la divinité ne nous a pas épargnés et nous vivons une époque intéressante. En tout cas, elle n’admet pas que nous puissions nous désintéresser d’elle. Les écrivains d’aujourd’hui savent cela. S’ils parlent, les voilà critiques et attaques. Si, devenus modestes, ils se taisent, on ne leur parlera plus que de leur silence, pour le leur reprocher bruyamment. »

En se transformant en amuseurs publics, beaucoup d’écrivains ont oublié leur époque, ou ne la voient que par le prisme des médias, eux-mêmes partiellement aveugles aux changements profonds. En temps de guerre, l’époque frappe à notre porte que nous le voulions ou nom. En un temps comme le nôtre, elle se joue loin de nous et nous pouvons fermer les yeux, et les écrivains peuvent décemment l’ignorer.

En tant qu’écrivain d’aujourd’hui, j’éprouve l’impératif de parler de l’intelligence artificielle, fait marquant de mon époque, en cela qu’il est sans précédent contrairement aux violences de toute sorte (ce n’est pas une raison pour les taire). Parler de l’IA, c’est expérimenté avec elle, voir en quoi elles nous transforment et peut-être nous aident à dépasser les horreurs anciennes pour faire en sorte qu’elles ne se répètent pas sans cesse.

Archamps
Archamps
Bernex
Bernex
Bernex
Bernex

Mardi 12, Croix de Rozon

Saint-Julien en Genevois
Saint-Julien en Genevois
Dardagny
Dardagny
Dardagny
Dardagny
Dardagny
Dardagny

Mercredi 13, Balaruc

Ralph Waldo Emerson : « N’allez pas où le chemin vous mène, allez au contraire là où il n’y a pas de chemin et laissez une piste. » Je suis cette injonction malgré moi, mais je ne sais même si je laisse un minuscule sentier.

Jeudi 14, Toulouse

Séminaire IA à l’invitation d’Erika. Des étudiants présentent leurs projets, mais ils oublient de contextualiser leurs requêtes, à minima avec un system prompt, ce qui laisse les IA dans le vague absolu quant à ce qui est attendu d’elles. Puis une historienne des IA nous affirme qu’il ne passe rien de neuf dans le domaine, dont elle semble avoir oublié les papiers révolutionnaires de 2017, si révolutionnaire que personne encore ne comprend comment tout cela fonctionne (et donc faut être très con pour affirmer qu’il n’y a rien de neuf). Quant à Erika et moi, nous parlons de nos expériences. Je suis obligé de prendre cinq minutes pour expliquer ce qu’est un prompt. Impression encore une fois de débarquer de mars et de me retrouver devant des humanoïdes aux yeux exorbités.


Longuement assis place du Capitole, jusqu’à ce que le soleil se couche, à regarder les gens défiler et à travers eux la mode qui les façonne. Me sens étranger, dans un autre pays, une autre civilisation. Et cet après-midi à l’université, les étudiants attroupés sur les pelouses, à gentiment glander, pendant que Tim s’échine en prépa. D’un côté, on en fait trop, d’un autre pas assez. Tout est à revoir.


La ville invite à la croissance. Tant que les boutiques non essentielles ne disparaîtront pas, nous ne serons pas tirés d’affaires. Ouvrir une boutique, c’est presque un crime contre l’humanité à venir. Toutes ces boutiques me crient que je ne suis pas à la mode, que je porte de vieilles fringues, que je ne suis pas tendance. Elles m’ostracisent alors qu’elles sont presque toutes dans l’erreur. La ville, du moins son cœur marchand, est devenue nocive, et sa puissance maléfique me saute à la figure. Elle est si odieuse qu’elle m’empêche de voir l’architecture, de rechercher des alignements. Pas la moindre envie de photographier ce spectacle lumineux et clinquant. Pourtant, il me faudrait le dénoncer par les images. Montrer les cent paires de sneakers hors de prix, les bibelots de décoration sans fonction, les meubles jetables, les fringues pour habiller les dix prochaines générations. Alors, fuir ce cœur, franchir sa frontière et plonger entre les habitations, qui affichent leurs façades rouges et tristes.

Vendredi 15, Toulouse

Conférences plus percutantes et informées que la veille. Beau brainstorming durant le déjeuner.

Dimanche 17, Balaruc

Matinée commencée à 6 h à Poussan. Suis bénévole pour sécuriser un critérium cycliste organisé dans le village par mon club. Indifférent aux sifflements des boyaux, je finis par m’endormir, affalé sur le goudron, adossé au bloc de béton qui bloque la circulation.


Je commence à remonter les informations géographiques sous une trace GPX, me laissant guider par le plaisir pervers du code. L’idée : construire automatiquement un road-book factuel qui pourrait être remis en forme par une IA. Je n’en suis qu’aux préliminaires et ne sais pas encore si j’irai beaucoup plus loin.

Le printemps
Le printemps

Lundi 18, Balaruc

Retour devant le clavier pour écrire. Mais quoi ? Plusieurs idées entrent en conflagration. J’hésite et envisage de les attaquer de front jusqu’à ce que l’une surpasse les autres. Parmi mes idées, certaines sont éditeur compatibles, comme une histoire de ma mère ou du café du port autour duquel la vie sociale de mon village s’organisait dans mon enfance. Compatibles parce qu’elles n’impliquent aucun enjeu formel, et que je peux les mener en adoptant la structure de Mon père ce tueur, mon livre qui a touché le plus les lecteurs, mais qui est littérairement peu risqué, puisqu’il repose sur des solutions formelles éculées. D’autres idées impliquent de marcher vers l’inconnu et de prendre beaucoup plus de risques.

Brume
Brume
Saussan
Saussan

Mardi 19, Balaruc

Tous les jours ou presque, je supprime de mes amis Facebook des réactionnaires, des misogynes, des homophobes, des complotistes, des climatosceptiques… Je ne sais pas si c’est parce que les gens changent en mal ou si j’ai trop lestement accepté de nouvelles relations. J’ai tendance à faire confiance par défaut. Mais pourquoi me suivre si c’est pour m’assener des insanités ?

Mercredi 20, Balaruc

Une amie m’envoie un lien vers un roman écrit à l’aide d’une IA. Je lui réponds que je n’en suis plus là et pointe vers mon dernier Daylog. Elle me répond, avec un extrait : « Ces avancées posent des questions existentielles. Elles nous confrontent à notre double nature, capable du meilleur comme du pire. La technologie, qui est notre génie, peut nous élever ou nous anéantir. Comme je l’ai souvent écrit, l’humanité se joue entre la création et la destruction, entre l’espoir et la peur. Nous devons apprendre à naviguer dans cette dualité, à embrasser le chaos tout en recherchant l’harmonie. Nous sommes les sculpteurs et l’argile. » Mon amie ajoute : « Rien de nouveau, cette dualité, non ? » Ma réponse : oui, sauf que je n’ai pas écrit ces phrases, et ça c’est radicalement nouveau. Mon amie n’avait pas compris que des IA étaient derrière Daylog. Elle n’en revenait pas. Je me demande quand le grand public comprendra que nous sommes en train de changer d’époque et que nous vivons une transition historique.

Jeudi 21, Balaruc

Murviel les Béziers
Murviel les Béziers
Causse-et-Veyran
Causse-et-Veyran
Roquebrun
Roquebrun

Vendredi 22, Balaruc

Soir
Soir

Samedi 23, Balaruc

Une vieille idée sur le mode One Minute remonte : Dernière minute, les derniers instants de chacun des passagers d’un avion en train de se crasher. Une variante : Accident Voyageur, où tous les témoins d’un meurtre témoignent de ce qu’ils ont vu à l’instant fugitif où le métro entre en gare. Et comme un Accident Voyageur existe déjà, compliquer le travail avec Accidents Voyageurs. Travailler le sentiment d’impuissance, la certitude qu’il aurait été possible de faire quelque chose, comme avec le réchauffement climatique.

Je repense à cette forme de polyphonie extrême, parce qu’elle se prête à l’utilisation des IA. Une décharge d’adrénaline me traverse malgré un rhume. Je n’ai pas commencé Le Jardin de l’Éternité, qu’une interférence créatrice survient.

Mardi 26, Balaruc

Mardi dernier, j’accompagne Isa pour un rendez-vous médical. Dans la salle d’attente, près de moi, une femme tousse, deux jours plus tard je me mets à tousser et depuis je vaux moins que rien. J’en veux à cette femme. Je sais qu’elle est coupable de ma contamination. Je ne mets plus les pieds dans un service de santé sans masque.

Tempête
Tempête
Tempête
Tempête

Mercredi 27, Balaruc

Bien du mal à sortir de mon gros rhume qui vire à la trachéite. Après m’être fait récurer les sinus jusqu’au cerveau, je sais que ce n’est ni le covid, ni la grippe A ou B.

Neige
Neige

Jeudi 28, Balaruc

Je m’amuse à publier sur Facebook des extraits de Daylog, avec un lien ad hoc et souvent je reçois des commentaires comme si les textes étaient de moi. Faire la différence deviendra sans doute de plus en plus difficile. Je suis mon propre fake. Qu’est-ce qui reste humain, qu’est-ce qui ne l’est déjà plus ? Cette question perdra bientôt toute signification, à moins qu’elle devienne la cause de crises politiques majeures, voire de guerres et de pogroms.


Question pour un devoir maison : « Pourquoi La Bruyère utilise la métaphore du théâtre dans Les Caractères… ». Émile commence par répondre comment et non pourquoi. Je l’arrête et lui dis qu’il fait un hors sujet, sauf que le prof lui met un cinq parce que lui-même en demandant pourquoi voulait dire comment, comment dans lequel se sont engouffrés tous les élèves. J’avais aidé Émile à argumenter et rédiger sa réponse. Ce cinq est pour moi. Malédiction familiale avec les gens de lettres.

Vendredi 29, Balaruc

Je l’admets : suis totalement addict au code. Je suis incapable de m’arrêter, parce que presque plus rien ne me résiste grâce aux IA.

Samedi 30, Balaruc

Lecture éblouissante du début du Le détail du monde, de Romain Bertrand, un nom qui sonne ancien comme les mots qu’il invoque pour décrire la nature. Simplement, je manque de force pour aller bien loin, mon addiction se faisant de plus en plus pressante, et aussi parce que Romain Bertrand devient moins poignant quand il abandonne la première personne.

Dimanche 31, Balaruc

Il y a des choses qui ne peuvent être dites, ou pas encore, parce qu’il est trop tôt, et peut-être que demain tout cela n’aura plus le moindre sens, ou au contraire s’affirmera de plus en plus pesamment.