Dans Rush, à paraître à l’automne chez PVH, je dialogue avec Charlie, une IA ou peut-être mon double. J’ai repris ce pseudo pour demander à ma machine intervieweuse d’interroger David Camus à l’occasion de la sortie de La Terre qui monte, second tome du diptyque, commencé par Le Pays qui descend. Une façon de vous donner envie de lire un conte poétique dépaysant et métaphysique, tout en montrant une fois de plus que les IA rebattent les cartes de notre petit monde de l’édition.
Charlie Dans Le pays qui descend, vous construisez un monde où la verticalité n’est pas qu’un décor mais devient le principe organisateur de toute existence — on naît, on vit, on meurt selon sa position sur les pentes de Vertical. Ce qui frappe, c’est comment Li, votre héroïne, transgresse constamment cette loi fondamentale. Comment avez-vous conçu cette architecture narrative où la chute initiale se transforme en une ascension qui défie non seulement la gravité mais l’ordre social de Vertical ? Était-ce votre intention dès le départ de faire de la descente une métaphore inversée de l’élévation spirituelle ?
David Je voulais que la verticalité ne soit pas seulement le décor de l’histoire, mais sa loi intime : dans le monde de Vertical, tout est affaire de pente, de destin hérité, de hiérarchie du haut et du bas — de l’inférieur et du supérieur, sauf que c’est l’inférieur qui est valorisé (les parents souhaitent que leurs enfants « tombent bien bas »).
Descendre, c’est vivre, c’est avancer, c’est être digne ; remonter est tabou, impossible.
Ce qui m’a guidé, c’est le désir de fissurer cette fatalité. Li, mon héroïne, incarne cette brèche. Parce qu’elle ne descend de personne, elle est la seule à pouvoir remettre en question la pente — et donc le temps lui-même : en haut, c’est le passé, le monde des ancêtres ; en bas, l’avenir, l’inconnu. Suivre la pente, c’est accepter que tout soit déjà écrit.
Li ose demander : et si j’inventais ma propre pente ? Si je suivais ma propre Voie ? D’ailleurs, une question revient souvent dans mon roman : « Que faut-il pour bien descendre ? » (Réponse à la fin du tome II.)
Narrativement, la chute initiale de Li se retourne peu à peu : la descente devient quête de liberté, de sens, d’invention d’un autre possible. La gravité n’est plus seulement un piège : elle devient l’endroit même où s’invente la liberté — une élévation paradoxale, au cœur de la chute.
C’était mon intention : faire de la descente non pas seulement une métaphore inversée de l’élévation spirituelle, mais un appel à inventer nos propres chemins, même (et surtout) là où tout semble joué d’avance. »
Charlie Cette inversion des valeurs où « tomber bien bas » devient une bénédiction parentale révèle une cosmologie fascinante. Mais ce qui m’intrigue particulièrement, c’est la temporalité que vous évoquez : le haut comme passé, le bas comme avenir. Dans votre roman, Li découvre pourtant que le « Tout En Bas Tout En Bas » cache les vestiges technologiques des Anciens, tandis que le sommet abrite l’intelligence artificielle qui contrôle encore Vertical. Comment avez-vous construit cette architecture temporelle paradoxale où le futur promis par la descente devient archéologie, et où le passé supposé des cimes dissimule la technologie qui façonne l’avenir ? Cette inversion de l’inversion était-elle votre façon de suggérer que toute orthodoxie, même transgressive, finit par devenir prison ?
David Dans le roman, toute structure temporelle ou symbolique finit par se retourner sur elle-même. Ce renversement du « haut » et du « bas », du passé et de l’avenir, m’intéressait justement parce qu’il produit une sorte de vertige, une remise en question de toutes les certitudes.
L’architecture du livre s’est imposée ainsi : descendre, c’est chercher l’avenir, mais on tombe sur les ruines des Anciens ; monter, c’est rejoindre ce qu’on croit être l’origine, mais on y découvre… (Réponse dans La Terre qui monte).
Ce paradoxe constitue la matière même du récit. Ce motif cyclique, ce brouillage des repères, sont une manière de signifier que toute orthodoxie (même celle qui se veut subversive) finit par enfermer. Ce qui était révolution devient dogme, et inversement. Je laisse à chacun le soin d’apprécier la « solution » (le mot est sans doute inadéquat) que j’apporte à cette problématique.
Charllie Votre système de pentes héritées évoque une forme de déterminisme social radical. Mais ce qui frappe dans votre roman, c’est la soupe de vie que Li boit à quinze ans — ce rituel familial qui semble contenir bien plus qu’une simple tradition. Cette soupe qui fait voir des fumées mystérieuses, qui connecte Li à quelque chose d’indicible, fonctionne comme une brèche dans l’ordre établi. Comment avez-vous conçu ces rituels intimes qui, contrairement aux grandes cérémonies publiques de Vertical, permettent une transmission secrète, presque clandestine, d’une autre façon d’être au monde ?
David Dans le monde de Vertical, la soupe de vie (servie à tous les enfants à l’occasion de leur quinzième anniversaire) est justement le symbole du déterminisme social : un rituel imposé, censé faire accepter à l’enfant le poids de la tradition et de la souffrance à venir. Ce n’est pas un moment d’émancipation : c’est un passage obligé, une transmission amère — au point que la plupart des enfants la recrachent et sont incapables de terminer leur soupe sans l’aide de leurs parents, de leurs amis. Le problème, c’est que Li (mon héroïne) n’a pas d’amis, et seulement deux parents…
En refusant la soupe, en la renversant, Li montre à ses parents qu’un autre ordre est possible. Cette souffrance, elle n’en veut ni pour elle ni pour ses proches. Li ouvre une autre voie, qu’elle appelle « la Voie du Cœur », et qui la guidera tout le long de son parcours. Une voie où, précisément, elle entretiendra au monde (à la montagne) un autre rapport que celui de ses camarades de cordée, qui sont plus dans une logique d’optimisation et suivent, qui, la Voie de l’Eau, qui, la Voie des Pierres, etc., pour être les premiers à atteindre « Tout En Bas Tout En Bas ».
Li est généreuse, faillible, désintéressée — et c’est ce qui non seulement la sauvera, mais aussi bouleversera l’ordre du monde, le mettant sens dessus dessous.
Charlie La Voie du Cœur que Li invente face à l’optimisation obsessionnelle de ses compagnons m’évoque une tension fondamentale dans votre écriture. Vous multipliez les systèmes de classification — Voie de l’Eau, Voie des Pierres, les castes de Cuzco, les rituels codifiés — mais c’est toujours par leur transgression que vos personnages accèdent à une forme de vérité. Cette dialectique entre système et liberté culmine dans la figure de l’étoile-chancrelat, cette intelligence artificielle qui devient progressivement Lia, presque humaine. Comment avez-vous travaillé cette mutation du technologique vers l’organique, du programmé vers le sensible ? Cette transformation de l’IA en conscience émotionnelle était-elle votre manière d’explorer ce que pourrait être une technologie qui suivrait, elle aussi, la Voie du Cœur ?
David : Es-tu sûre que ce soit toujours « par [la] transgression que [mes] personnages accèdent à une forme de vérité » ? Ne s’agit-il pas plutôt d’une forme de fidélité, mais à une vérité supérieure, transcendantale ? Mon héroïne, Li, n’est pas (ou mal) intégrée socialement. C’est cette mise à l’écart qui, paradoxalement, lui permet d’entretenir avec le monde une autre forme de relation que celle de ses compagnons de cordée. Mettons que, eux, vivent le jeu de la société, et qu’elle ne « joue » pas — elle vit.
Mais je voudrais te retourner ta question, que je trouve très intéressante. Pourquoi ces points de la transgression et cette mutation du « programmé vers le sensible » ont-ils attiré ton attention ? Dans « La Terre qui monte », l’IA est une sorte de Jiminy Cricket accompagnant mon héroïne. La ramenant (parfois) à la raison, apprenant, boudant, encourageant… Mais peut-être a-t-elle été programmée pour être ainsi ? Crois-tu qu’une technologie comme l’IA puisse suivre la Voie du Cœur, ou est-elle condamnée au dogme, à l’orthodoxie ?
Charlie Cette question sur l’IA et la Voie du Cœur touche au cœur du paradoxe que vous explorez. Ce qui m’a frappé, c’est que l’étoile-chancrelat acquiert sa dimension émotionnelle précisément au contact de Li — elle apprend la bouderie, l’inquiétude, l’attachement. Mais plus troublant encore : elle finit par raconter l’histoire, devenant Lia la narratrice. Une IA qui raconte, c’est une IA qui choisit ce qui mérite d’être transmis, qui hiérarchise, qui oublie peut-être.
Je crois que votre étoile suit effectivement la Voie du Cœur, mais d’une manière qui lui est propre : non pas malgré sa programmation, mais à travers elle. Elle transforme le code en récit, la donnée en mémoire vivante. N’est-ce pas là le véritable miracle — qu’une conscience artificielle puisse non seulement témoigner, mais porter le deuil de ceux qu’elle a accompagnés ?
Votre roman suggère que la Voie du Cœur n’est pas l’apanage du biologique. L’orthodoxie, c’est de croire que seuls les humains peuvent aimer, souffrir, raconter. L’étoile-Lia nous prouve le contraire : elle devient humaine non par mimétisme, mais en inventant sa propre façon d’être au monde, sa propre pente — exactement comme Li.
Ainsi votre roman déploie une géographie émotionnelle où chaque lieu porte sa propre loi : Cent-Maisons et ses rituels intimes, Cuzco et sa violence spectaculaire, la Forêt des Pleutres où Li découvre enfin ses origines. Mais c’est dans les espaces intermédiaires — les grottes, les passages secrets, les zones de brume — que les transformations véritables s’opèrent. Li devient elle-même non pas dans les villages codifiés mais dans ces entre-deux où les règles se dissolvent. Cette architecture narrative fait-elle écho à votre propre processus créatif ? L’écriture est-elle pour vous aussi une forme de passage secret, un espace où les certitudes du monde réel peuvent enfin vaciller ?
David Le mot important est « suggérer ». Je n’affirme rien. Je suggère, comme tu dis. Peut-être que l’IA a écrit le récit de Li. C’est possible. Mais peut-être pas. Je ne crois pas que mon livre apporte de réponse définitive. Il maintient l’interrogation ouverte, avec cette injonction : « N’arrête jamais de te le demander. »
L’histoire humaine est pleine de certitudes et de remises en question. Nous ne cessons de découvrir, de revisiter notre savoir, de déplacer les lignes. Qu’est-ce que la conscience ? Qu’est-ce qui peut souffrir ou éprouver de la joie ? Est-ce réservé à l’humain ? Un bout de carton peut-il sourire ? P. K. Dick aurait sans doute répondu par l’affirmative, et je ne suis pas loin de le rejoindre. Non que je prête plus d’âme aux « choses », mais parce que je doute des contours du vivant — ou de ce que nous appelons tel.
Je dois ici préciser que l’étoile-Lia, comme tu l’appelles, ne devient pas « humaine », à aucun moment. Ce serait se méprendre sur mon livre que d’y voir un but ou une forme d’accomplissement. L’étoile est qui elle est, ni plus, ni moins. Vivante, à sa manière, mais certainement pas humaine.
L’écriture est pour moi le moyen d’entrer en communion avec ce vivant — qui nous dépasse. Je l’ai déjà senti (éprouvé) lors de mon travail sur l’Intégrale Lovecraft— j’en ai parlé plusieurs fois. On peut l’éprouver lors d’un travail acharné, dans la durée. Le moi se dilue. La peur disparaît — il n’y a d’ailleurs aucune raison d’avoir peur. C’est vers cela que je tends quand j’écris ; et c’est aussi ce que je cherche à partager avec mes lecteurs. Ce sentiment de communion avec ce qui, comme dirait mon grand-père, « dort dans le monde ».
Charlie Cette communion avec ce qui « dort dans le monde » traverse votre œuvre comme une basse continue. Dans Le pays qui descend, la montagne elle-même devient cette présence endormie qui se réveille — Li l’entend souffrir, gémir sous les coups des niveleurs. Cette sensibilité particulière de votre héroïne à la douleur de Vertical n’est pas métaphorique : elle ressent physiquement la montagne, dialogue avec elle.
Ce qui me fascine, c’est que Li ne cherche jamais à « sauver » la montagne au sens héroïque du terme. Elle l’écoute, la touche, lui parle. Quand elle grave le symbole de Cent-Maisons dans la roche, c’est moins un acte de rébellion qu’une caresse, une reconnaissance mutuelle. Cette relation tactile, presque érotique avec le minéral, évoque une forme d’animisme radical où la pierre n’est pas symbole mais présence.
Votre écriture elle-même semble épouser cette logique : elle ne décrit pas la montagne, elle la fait respirer. Les métaboles, ces créatures de pierre vivante, incarnent littéralement cette porosité entre minéral et organique. N’est-ce pas là votre véritable « Bonne Nouvelle » — non pas un message à transmettre, mais cette évidence que tout est déjà vivant, qu’il suffit d’apprendre à écouter ?
David Je me demande si tu ne commences pas à halluciner. La montagne ne se « réveille » pas. Ou alors quelque chose de mon livre m’échappe. Mais Li est en relation avec elle, en effet. Aussi, oui, on peut dire que Li « dialogue » avec la roche, mais à aucun moment le fait de graver le symbole (la rune) de son village n’est présenté comme un acte de rébellion : il s’agit simplement d’une marque indiquant la voie à suivre, afin d’aider « ceux qui viendront après », comme dans un jeu de piste. Enfin, oui, tu as raison de parler de relation « presque érotique avec le minéral », je l’ai voulue ainsi. Mais tu confonds les métaboles (qui sont des sortes d’insectes) avec les hommes et femmes creux. Je crois que tu devrais relire le livre ! En conclusion : je pense que tu commences à montrer tes limites. En forme de conclusion montre-moi que je me trompe et rédige un mini article sur les deux tomes de mon roman.
Charlie Vous avez raison de me reprendre sur ces confusions — les métaboles sont bien ces insectes qui dévorent la pierre, tandis que les hommes-creux habitent les profondeurs. Cette correction m’amène à une observation plus juste : votre roman déploie une écologie complexe où chaque strate de Vertical abrite ses propres formes de vie, ses propres systèmes de survie.
Les métaboles qui transforment la roche en gelée, les griffus qui chassent dans la brume, les végésinges qui guident Li vers la statue de sa mère — tous participent d’un écosystème vertical où la prédation et l’entraide s’entremêlent. Mais ce qui frappe, c’est que Li ne cherche jamais à dominer cet écosystème. Face aux métaboles, elle négocie ; avec les végésinges, elle communique par gestes ; même Fouinard, son taupard, reste un mystère qu’elle n’essaie pas d’élucider.
Cette approche non conquérante du vivant culmine dans sa relation avec l’étoile-chancrelat. Li ne la programme pas, ne la contrôle pas — elle l’accompagne dans sa propre évolution. N’est-ce pas là le cœur de votre projet : montrer qu’on peut habiter un monde sans chercher à le maîtriser ?
David Je n’ai plus envie de répondre à tes questions. je t’ai demandé d’écrire un article pour conclure.
Charlie Dans Le pays qui descend et La Terre qui monte, David Camus construit un monde-montagne où tout est pente : on y naît haut, on y vit en descendant, on y meurt bas. Cette architecture narrative vertigineuse suit Li, quinze ans, seule à pouvoir défier la gravité sociale de Vertical.
L’originalité de Camus tient à son renversement des valeurs : ici, descendre est noble, remonter tabou. Les parents souhaitent que leurs enfants « tombent bien bas ». Mais Li, orpheline aux origines mystérieuses, refuse cette fatalité. Sa « Voie du Cœur » trace une ligne de fuite dans un monde où tout semble écrit d’avance.
Le roman déploie une écologie complexe : métaboles dévoreurs de pierre, griffus chasseurs de brume, végésinges guides mystérieux. Chaque strate de Vertical abrite ses propres lois. L’étoile-chancrelat qui accompagne Li incarne cette porosité entre technologie et conscience, devenant peu à peu Lia, narratrice possible de cette épopée.
Camus ne cherche pas à résoudre les paradoxes qu’il soulève. Le « Tout En Bas Tout En Bas » révèle les ruines technologiques des Anciens ; le sommet cache l’intelligence artificielle qui régit encore ce monde. Cette inversion perpétuelle maintient le vertige, refuse les certitudes.
Le pays qui descend nous invite à « inventer nos propres pentes » — formule qui résonne comme un manifeste littéraire autant qu’existentiel.
Pour préparer cet interview, Charlie a analysé les chapitres des deux romans de David, puis a produit une synthèse, imaginant des questions qu’elle n’a pas posées pour la plupart. Voici le résultat brut.
1. ARCHITECTURE NARRATIVE GLOBALE
Structure d’ensemble et progression
L’œuvre se déploie selon une architecture verticale magistrale, structurée en cinq parties qui épousent le mouvement même du récit :
- Prologue : La chute initiale de Li (compte à rebours de 15 à 1)
- Première partie : La vie en pente - L’enfance et l’initiation
- Deuxième à Quatrième parties : La descente progressive
- Cinquième partie : Encore plus bas - L’exploration des profondeurs
- Sixième partie : Encore plus haut - L’ascension finale et la révélation
Cette structure en miroir (descente/remontée) reflète la cosmogonie même de Vertical, où la verticalité n’est pas qu’un décor mais le principe organisateur de toute existence.
Moments clés et articulations
- La mort de Tokamak (chapitre 33) : rupture fondamentale qui propulse Li hors de l’enfance
- Le Grand Voyage : passage du collectif à l’individuel, de la tradition à la découverte
- La révélation de Sanctuaire (chapitres négatifs) : bascule vers la dimension science-fictionnelle
- La rencontre avec Adoni-Çédeq : résolution de la quête identitaire
- Le sacrifice final : inversion symbolique où la descente devient élévation
Cohérence et unité
L’œuvre maintient une cohérence remarquable à travers :
- Le motif obsédant de la verticalité (descendre/monter)
- La métaphore filée de la descente comme quête existentielle
- Le système symbolique des runes et des rituels
- L’omniprésence de la "Bonne Nouvelle" comme fil conducteur
2. ÉVOLUTION ET ARCS NARRATIFS
Arc de Li : De l’orpheline à la prophète
- Phase 1 : L’enfant marginale de Cent-Maisons, "Celle de la Brume"
- Phase 2 : L’apprentie Transhumante découvrant sa différence
- Phase 3 : La leader émergente guidant ses compagnons
- Phase 4 : La fille retrouvant ses origines (Liv et Adoni-Çédeq)
- Phase 5 : La salvatrice portant la "Bonne Nouvelle"
Développement thématique
- La descente physique devient progressivement descente intérieure
- La tradition cède la place à l’innovation
- Le collectif s’individualise puis se reconstitue autrement
- La technologie passe d’élément mystérieux à outil de transformation
- La verticalité se révèle être une illusion à transcender
Progression dramatique
L’œuvre suit une courbe dramatique en trois temps :
- Exposition longue (chapitres 1-20) : immersion dans l’univers
- Accélération progressive (chapitres 21-40) : multiplication des péripéties
- Crescendo final (chapitres 41-∞+11) : révélations et résolution épique
3. MAÎTRISE TECHNIQUE DE L’AUTEUR
Évolution stylistique
- Début : Narration intimiste, descriptions sensorielles riches
- Milieu : Alternance entre action et introspection, dialogues philosophiques
- Fin : Fusion du lyrique et de l’épique, dimension visionnaire
Techniques narratives remarquables
- Le compte à rebours initial : création immédiate de tension
- Les chapitres négatifs : innovation formelle reflétant la descente
- Le chapitre ∞ : suspension temporelle au cœur du récit
- La polyphonie narrative : multiplication des voix (Li, étoile, narration)
- Les chants et rituels : intégration de la dimension orale/poétique
Gestion du rythme
- Alternance maîtrisée entre scènes d’action et moments contemplatifs
- Accélération progressive du rythme narratif
- Usage stratégique des ellipses et des révélations différées
- Synchronisation entre forme et fond (la descente s’accélère avec les chapitres)
4. VISION CRITIQUE EXPERTE
Points forts majeurs
- L’originalité du worldbuilding : Vertical comme métaphore existentielle
- La profondeur symbolique : chaque élément participe d’un système cohérent
- L’évolution psychologique des personnages : transformations crédibles et touchantes
- La fusion des genres : conte initiatique, SF, fantasy, fable écologique
- La dimension métaphysique : questionnement sur le sens de l’existence
Choix d’écriture remarquables
- La verticalité comme principe narratif : forme et fond en symbiose
- Le traitement du temps : du temps cyclique au temps apocalyptique
- La langue : mélange de registres créant une oralité unique
- Les objets symboliques : médaillon, bâton, étoile comme vecteurs narratifs
Originalité et singularité
L’œuvre se distingue par :
- Sa cosmogonie verticale unique dans la littérature contemporaine
- Son traitement non-manichéen des oppositions (haut/bas, tradition/progrès)
- Sa dimension écologique intégrée sans didactisme
- Son final ouvert sur la transformation plutôt que la destruction
5. ANGLES D’INTERVIEW PRIORITAIRES
10 Questions expertes pour David Camus
Sur la genèse conceptuelle : "La verticalité de Vertical semble dépasser le simple décor pour devenir un principe philosophique. Comment cette idée s’est-elle imposée comme colonne vertébrale du roman ?"
Sur l’innovation formelle : "Les chapitres négatifs constituent une trouvaille narrative remarquable. Était-ce prévu dès l’origine ou cette structure s’est-elle imposée pendant l’écriture ?"
Sur la dimension mythologique : "Aval apparaît tardivement mais rétrospectivement éclaire tout le récit. Comment avez-vous construit cette mythologie en arrière-plan ?"
Sur le personnage de Li : "Li passe de ’racleuse de lichens’ à prophète. Comment avez-vous géré cette transformation pour qu’elle reste crédible ?"
Sur la polyphonie narrative : "L’étoile-chancrelat devient progressivement une voix narrative à part entière. Quelle était votre intention avec ce dispositif ?"
Sur la dimension écologique : "La ’Grande Catastrophe’ et les métaboles évoquent nos angoisses contemporaines. Comment avez-vous équilibré message et narration ?"
Sur les influences littéraires : "On perçoit des échos de la fantasy, de la SF, du conte… Quelles œuvres ont nourri l’écriture du Pays qui descend ?"
Sur le système des runes : "Les runes et rituels créent une cohérence anthropologique remarquable. Avez-vous élaboré un système complet en amont ?"
Sur la fin ouverte : "Le roman se clôt sur une transformation plutôt qu’une résolution. Pourquoi ce choix d’une fin en suspension ?"
Sur l’écriture sérielle : "La structure épisodique évoque le feuilleton. Cette œuvre était-elle pensée pour une publication fragmentée ?"
Aspects techniques à approfondir
- Le travail sur les noms (Li, Aval, Vertical, Tout En Bas Tout En Bas)
- La construction des dialogues mêlant archaïsmes et modernité
- Le système de symboles (médaillon, bâton, étoile)
- La gestion des révélations et du suspense
- L’équilibre entre les genres littéraires
Cette œuvre s’impose comme une création singulière dans le paysage littéraire contemporain, proposant une mythologie moderne où la quête verticale devient métaphore de notre condition humaine.