J’essaie sur mon blog de ne pas parler de ma déconnexion pour que vous commandiez J’ai débranché, en revanche je m’autorise à témoigner d’un phénomène qui, depuis mon retour, me surprend : Twitter a été piraté.

Sans trop me montrer, je suis vos conversations. Je clique, j’observe, notamment à travers la fenêtre que m’offre sur votre monde seesmic desktop. J’ai très vite noté une nouvelle icône rouge qui indique notre score Klout, soit la popularité sur le réseau, évaluée selon des critères quantitatifs plutôt que qualitatifs. Sans surprise, mon score était relativement bas et il remonte peu à peu depuis que je publie à nouveau des billets épisodiques.

Je me suis mis à regarder vos scores. Ils culminent en France à 60 pendant que les blogueurs internationaux comme Loïc Le Meur dépassent les 80. Donnée amusante, sans plus. Mais cette lecture a attiré mon attention vers un autre phénomène. J’ai eu l’impression que beaucoup d’utilisateurs Twitter avaient vu leur nombre de followers gonfler durant les derniers mois.

Pour en avoir le cœur net, j’ai effectué quelques comparaisons grâce à un outil suggéré par Romain Nicault. Mon intuition ne m’a pas trompé. Durant mon absence, il s’est produit quelque chose.

Les journalistes des grands médias ont vu leurs scores gonfler, donc incidemment leur influence. Cela traduit un recentrage du Net. Nous serions en train de nous rapprocher de labels qualifiés, de valeurs sûres… comme si nous avions peur, comme si le manque de repère nous effrayait et nous dispensait d’aborder les inconnus. Plutôt que de favoriser les francs-tireurs indépendants, nous nous rapprocherions des « fonctionnaires médiatiques ». Dont je suis, d’une certaine façon, puisque je publie des livres.

Cette centralisation du Web ne cesse de s’intensifier depuis l’avènement de facebook. On nous enferme dans des architectures propriétaires. On cocoune les utilisateurs dans des prisons dorées. On unifie les blogueurs dans des médias pures players qui, au nom de l’innovation, nous font régresser vers des modèles industriels antédiluviens. Tout cela parce que nous préférons faire comme tout le monde. C’est-à-dire admirer ce qui brille.

Je reviens sur mon graphique. Pendant que Loïc Le Meur progressait régulièrement, les journalistes choisis croissaient jusqu’à deux fois plus vite que lui. J’ai pris pour étalon Rosselin parce que c’est mon ami et qu’il bosse en ce moment à La Tribune, Guy Birenbaum et Dadiv Abiker parce qu’ils m’ont invité en janvier à leur émission sur Europe 1. Je sais que j’aurais dû être exhaustif. Mais je me suis concentré sur des acteurs de longue date de la twittosphère. Il serait intéressant que chacun d’entre vous se glisse dans ce graphique pour que nous puissions confirmer ou infirmer la tendance selon laquelle les médias centralisés ont une influence grandissante sur le Web.

Si cette sur-focalisation de l’audience sur les vedettes du monde médiatique traditionnel est réelle, elle a tout de même un côté positif. Nous ne valorisons pas des entreprises mais des hommes et des femmes qui, à un moment donné, travaillent dans des entreprises. Quand ils en partiront, ils emporteront avec eux leur communauté. Ça, c’est un progrès. Nous ne sommes plus les esclaves des boîtes qui nous emploient. En piratant la twittosphère, et les réseaux sociaux en général, les entreprises construisent la réputation de leurs employés. En fin de compte, la décentralisation sera peut-être gagnante. En ligne, battez-vous pour exister en votre nom.